Aperçu général
- La déclaration de Trump selon laquelle les Etats-Unis reconnaissent Jérusalem comme capitale d’Israël a donné lieu à des appels de la part des dirigeants de l’Autorité Palestinienne (AP) et du Fatah à des manifestations de protestation. Les dirigeants du Hamas et du Jihad Islamique Palestinien (JIP) ont appelé à un renouvellement de la campagne armée contre Israël. Leurs appels ont initié une vague d’émeutes et d’affrontements avec les forces de sécurité israéliennes en Judée-Samarie, à Jérusalem et dans la bande de Gaza. Les affrontements ont atteint leur apogée les 8 et 9 décembre 2017, avec des émeutes dans des dizaines d’endroits en Judée-Samarie, à Jérusalem et dans la bande de Gaza. Des manifestations de protestation et des émeutes ont également eu lieu à Wadi Ara, dans le centre d’Israël. Deux manifestants ont été tués par les forces de Tsahal près de la barrière de sécurité dans la bande de Gaza. Plusieurs centaines de Palestiniens ont été blessés au cours des émeutes.
- Le 9 décembre 2017, plusieurs roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza en territoire israélien. Deux engins se sont abattus dans la ville de Sderot ; dont l’un dans une école maternelle. Une autre roquette a été interceptée par le système de défense aérienne Dôme de Fer. Il n’y a pas eu de victimes mais des dégâts ont été signalés. La responsabilité du tir a été revendiquée par un réseau appelé “L’unité d’Allah” (Selon nous, une organisation jihadiste salafiste). En réponse au tir, Tsahal a attaqué des cibles terroristes du Hamas dans la bande de Gaza. Deux membres du Hamas ont été tués.
- L’examen des événements jusqu’à présent indique que la réponse de la population palestinienne de Judée-Samarie à l’appel de ses dirigeants reste relativement faible, avec quelques milliers de Palestiniens qui ont manifesté chaque jour dans des dizaines d’endroits. Les affrontements avec les forces de sécurité israéliennes ont été relativement peu intensifs, en raison des procédures strictes d’ouverture du feu suivies par les forces de sécurité israéliennes et de l’intérêt de l’Autorité Palestinienne de garder le contrôle des événements. Selon les médias israéliens, les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne et les forces de sécurité israéliennes ont agi en coordination continue en matière de sécurité, ce qui a contribué à garantir le contrôle des émeutes (Ynet, 10 décembre 2017).
- Le 10 décembre 2017, une attaque à l’arme blanche a été commise à l’entrée de la principale gare routière de Jérusalem. Le terroriste palestinien qui a procédé à l’attaque était originaire de Naplouse et séjournait en Israël illégalement. Il avait publié le commentaire suivant sur sa page Facebook : ” Nous marcherons sur la voie d’Allah pour faire voler le drapeau… et pouvoir nous consacrer à la mosquée al-Aqsa, et le sang s’écoule de nous…” Selon nous, la vague de protestation palestinienne pourrait s’exprimer par la suite par des attaques terroristes plus sérieuses.
- Selon des sources palestiniennes, l’AP ne s’est pas retirée du processus de paix mais de la médiation américaine. Riyad al-Maliki, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de consensus national palestinien, a déclaré que les Palestiniens ne se retireraient pas du processus de paix, mais que les États-Unis ne serviraient pas de médiateur. Nabil Shaath, conseiller de Mahmoud Abbas pour les affaires étrangères et les relations internationales, a déclaré que l’Autorité Palestinienne est disposée à participer au processus de paix sous parrainage international et non américain (al-Arabiya al-Hadath, 8 décembre 2017).
Manifestations et affrontements entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes
- Les affrontements entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes ont débuté le 7 décembre 2017, avec la déclaration palestinienne d’une “Journée de la colère.” Les affrontements et les émeutes ont atteint leur apogée le 8 décembre 2017, après la prière du vendredi. Le samedi 9 décembre, les affrontements ont continué, mais à une plus faible intensité. Il y a eu des affrontements et des émeutes simultanément dans des dizaines d’endroits :
- En Judée-Samarie : Le 7 décembre 2017, l’AP a déclaré une grève générale et des émeutes et des affrontements ont été signalés à plusieurs endroits. Les incidents ont atteint leur apogée le 8 décembre 2017. Plusieurs milliers de Palestiniens ont participé à des émeutes dans plus de 30 endroits différents, y compris à Hébron, Tulkarem, Qalqilya, Bethléem et Naplouse. Les émeutiers ont brûlé des pneus et lancé des cocktails Molotov et des pierres sur les forces de sécurité israéliennes. Selon un rapport du Croissant Rouge, 63 Palestiniens ont été blessés. Plusieurs dizaines de Palestiniens ont été détenus. À Hébron, le Fatah et le Hamas ont organisé une manifestation commune, où des drapeaux du Hamas ont été brandis. Des drapeaux du Hamas étaient également visibles ailleurs en Judée-Samarie. Le 9 décembre 2017, les émeutes et les affrontements ont périclité, avec environ un millier de participants.
Droite : Emeutes à l’entrée Nord d’al-Bireh. Gauche: Emeutes et affrontements à Qalqilya (Wafa, 8 décembre 2017)
- A Jérusalem-Est : Après la prière du vendredi, le 8 décembre 2017, des milliers de Palestiniens se sont rassemblés sur le Mont du Temple où ils ont scandé des slogans anti-israéliens et incendié des drapeaux israéliens. Des milliers de Palestiniens ont également manifesté sur le Mont du Temple. Plusieurs dizaines de Palestiniens ont bloqué la rue Salah al-Din (la rue principale de Jérusalem Est) pendant plusieurs heures et ont lancé des pierres sur des policiers israéliens. Des affrontements ont également été signalés Porte de Naplouse. Quatre policiers ont été blessés.
Manifestation à la mosquée al-Aqsa (Wafa, 8 décembre 2017)
- Dans la bande de Gaza : Plusieurs milliers de Gazaouites ont manifesté dans plusieurs endroits le long de la frontière avec Israël. Ils ont lancé des pierres et brûlé des pneus. Deux Palestiniens ont été tués par des tirs de Tsahal (Shehab, 9 décembre 2017). Plusieurs dizaines de Palestiniens ont été blessés. Le lendemain, les manifestations et les émeutes ont été renouvelées, mais dans une moindre mesure. De nombreux enfants figuraient parmi les manifestants (Palinfo, 9 décembre 2017).
Droite : Incendie des drapeaux américains et israéliens (Compte Twitter Qudsn, 6 décembre 2017). Gauche : Incendie de la photo du Président américain (Compte Twitter Palinfo, 6 décembre 2017)
- À l’intérieur d’Israël : Des manifestations ont été organisées à l’intérieur d’Israël, avec des rassemblements à Jaljulia, Kafr Qassem et Umm al-Fahm. Environ 200 personnes ont participé aux émeutes. Certains des manifestants ont lancé des pierres sur des voitures. Trois Israéliens ont été blessés. La route de Wadi Ara a été fermée après que des dizaines d’émeutiers masqués ont lancé des pierres sur des voitures de police, des autobus et des motos. Plusieurs Israéliens ont été blessés.
Manifestation à Wadi Ara (Droite: Site Internet Awtar. Gauche : Site Internet Bukra, 9 décembre 2017)
Tirs de roquettes
- Le 8 décembre 2017 dans la soirée, plusieurs roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza en territoire israélien. Deux engins se sont abattus dans la ville de Sderot. L’un d’eux a frappé un terrain de stationnement, endommageant plusieurs voitures. Les débris d’une autre roquette ont été retrouvés plus tard dans un jardin d’enfants. L’engin a endommagé l’édifice. Une autre roquette a été interceptée par le système de défense aérienne Dôme de Fer. Un réseau jihadiste salafiste appelé “Les brigades de l’unité d’Allah” a revendiqué la responsabilité des tirs de roquettes. Selon le réseau, les engins ont été tirés en représailles à la décision de Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël (Compte Twitter ics news, 8 décembre 2017). Une organisation appelée “Les bataillons du chahid Abd al-Qader al-Husseini” a également revendiqué la responsabilité des tirs (Dunia al-Watan, 8 décembre 2017).
La maternelle de Sderot touchée par des tirs de roquettes de la bande de Gaza (Police israélienne, 8 décembre 2017)
- En réponse aux tirs de roquettes, l’armée de l’air israélienne a attaqué six cibles militaires du Hamas dans la bande de Gaza. Les médias palestiniens ont rapporté la frappe d’une position de la branche armée du Hamas au Nord de la bande de Gaza (Compte Twitter de Khaber A’ajel, 8 décembre2017), d’une position à Khan Yunis (Compte Twitter Palinfo, 9 décembre 2017), d’une position à Jabaliya et d’une position dans le centre de la bande de Gaza (Compte Twitter Shehab, 9 décembre 2017). Mahmoud ‘Atel, de Cheikh Radwan, et Muhammad al-Safadi, du quartier de Daraj, dans la ville de Gaza, tous deux membres de la branche armée du Hamas, ont été tués (Palinfo, 9 décembre 2017). Selon un rapport du ministère de la Santé, plus de 15 Palestiniens ont été blessés dans l’attaque (Compte Twitter du porte-parole du ministère de la Santé dans la bande de Gaza, 8 décembre 2017).
- En réponse aux attaques, Musheir al-Masri, député du Hamas au Conseil législatif palestinien, a déclaré qu’Israël continue ses “crimes” contre le peuple palestinien. Il a affirmé qu’Israël sera responsable des conséquences de ses “escalades et agressions” contre le peuple palestinien. Il a ajouté que les Etats-Unis seront responsables du “crime historique” contre Jérusalem (al-Aqsa, 8 décembre 2017).
- Le porte-parole du Hamas Fawzi Barhoum a déclaré que l’attaque par Israël de positions de la “résistance” est un nouveau crime contre le peuple palestinien. Il a précisé qu’Israël était responsable des conséquences de l’escalade (Site Internet du Hamas, 9 décembre 2017).
- Le général Yoav Mordechai, coordinateur des activités du gouvernement israélien dans les territoires, a envoyé un message en arabe aux habitants de la bande de Gaza et au Hamas via le site Internet al-Munaseq. Il a mis en garde contre l’escalade et a blâmé le Hamas. Il a souligné que jusqu’à présent, les forces de Tsahal ont fait preuve de modération dans les événements récents le long de la frontière de Gaza, mais a ajouté qu’Israël ne peut pas ignorer les tirs de roquettes sur Sderot. Il a averti que la poursuite des tirs de roquettes est susceptible d’aboutir à une dure et douloureuse réponse d’Israël.
Attaque à l’arme blanche
- Le 10 décembre 2017, un Palestinien a mené une attaque à l’arme blanche à l’entrée de la station centrale de bus rue Jaffa à Jérusalem. Selon les premiers rapports, le terroriste est arrivé à l’entrée principale, a poignardé un garde de sécurité et s’est enfuit. Le garde a été gravement blessé. Le terroriste a été arrêté par un policier et un civil et a été transféré pour interrogatoire. Yassine Abu al-Qaa’ra, 25 ans, de Naplouse, séjournait illégalement à Jérusalem. Plusieurs heures avant l’attaque, il avait écrit sur sa page Facebook : “Nous marcherons le long de la voie d’Allah et ferons voler notre drapeau… et dédierons notre force à la mosquée al-Aqsa, et le sang s’écoule de nous…Notre drapeau est peu cher pour notre patrie et pour le caractère sacré de notre mosquée al-Aqsa“.
- A la suite de l’attaque, une affiche a été publiée sur le compte Twitter affilié au Hamas sous le titre “La première bonne nouvelle”, appelant à commettre plus d’attaques.
Droite : Vidéo de la caméra de sécurité montrant le terroriste palestinien poignardant un garde de sécurité israélien à l’entrée de la gare routière centrale de Jérusalem (Page Facebook Qudsn, 10 décembre 2017).
Gauche : “La première bonne nouvelle.” Affiche publiée après l’attaque à la gare centrale des autobus de Jérusalem (Compte Twitter Nur al-Watan, affilié au Hamas, 10 décembre 2017)
Déclarations de responsables palestiniens
L’Autorité Palestinienne
- L’AP continue de vilipender la décision des États-Unis tout en s’engageant dans des activités diplomatiques intensives avec les pays occidentaux et régionaux. Saeb Erekat, secrétaire général de l’OLP, a déclaré que le Comité exécutif de l’AP va mettre fin à ses relations avec le consulat américain [à Jérusalem]. Nabil Shaath, conseiller de Mahmoud Abbas, a déclaré que le leadership palestinien n’a pas encore décidé de recevoir oui ou non le vice-président américain Mike Pence, qui doit effectuer une visite d’état à la mi-Décembre 2017 (al-Arabiya al-Hadath, 7 décembre 2017).
- Cependant, les porte-parole de l’AP ont clairement indiqué que l’Autorité Palestinienne ne se retirerait pas du processus de paix. Riyad al-Maliki, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de consensus national palestinien, a déclaré que les Palestiniens ne se retireront pas du processus de paix, mais que les États-Unis ne peuvent plus servir de médiateur. Nabil Shaath, conseiller de Mahmoud Abbas, a déclaré que l’AP est prête à participer au processus de paix, mais seulement s’il a eu lieu sous parrainage international, et non américain (al-Arabiya al-Hadath, 8 décembre 2017).
- Le Fatah a annoncé la poursuite de l’escalade contre Israël. Il a appelé le peuple palestinien à considérer les prochains jours comme des “jours de rage.” Le Fatah a également appelé à marquer le vendredi 15 décembre comme un jour de lutte générale, y compris après la prière du vendredi (Ma’an, le 9 décembre 2017).
Caricature d’al-Hayat al-Jadeeda (l’organe de l’AP, le 6 décembre 2017)
Déclarations de responsables du Hamas
- Les responsables du Hamas ont profité des événements pour appeler à une nouvelle intifada et à accélérer le processus de réconciliation palestinien interne pour être en mesure d’agir conjointement contre la politique américaine et israélienne. Ci-après les principales déclarations :
- Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, a prononcé un discours à la suite de la déclaration américaine, dans lequel il a déclaré qu’une nouvelle stratégie doit être conçue pour faire face à la “conspiration contre Jérusalem.” Il a déclaré que des changements doivent être apportés à l’ordre des priorités et a affirmé qu’il est temps d’annoncer la mort du processus de paix. Il a ajouté que la situation actuelle exige que les Palestiniens accélèrent le processus de réconciliation nationale, réorganisent leur leadership et déterminent une nouvelle stratégie de lutte contre Israël et les États-Unis. Il a souligné que le seul moyen de faire face à la politique américaine et israélienne est de déclencher une nouvelle intifada (“la liberté pour Jérusalem et la Cisjordanie”). Il a conclu en disant que le Hamas œuvrerait à mettre le feu (al-Mayadeen, 7 décembre 2017).Dans une autre interview, Haniyeh a exprimé sa satisfaction de la réponse du public palestinienne à l’appel du Hamas à agir à l’occasion de journée de la colère. Il a précisé que la journée de la colère marque le début de l’intifada. Il a affirmé que ce qui unit le peuple palestinien est l’intifada, la “résistance” [cf., le terrorisme et la violence], et la résistance politique. Il a précisé que tous les Palestiniens sont prêts à élaborer une stratégie globale pour faire échouer le plan de Trump. Il a également félicité l’Autorité Palestinienne pour avoir coupé les liens avec les États-Unis (télévision al-Quds, 8 décembre 2017).
- Khaled Mashaal, ancien chef du bureau politique du Hamas, a félicité le peuple palestinien pour son soulèvement. Il a dit espérer que les Palestiniens obligeront les États-Unis à revenir sur leur décision. Il a précisé qu’en cas de consensus national, le peuple palestinien pourrait transformer l’intifada en une première étape de la fin de l’existence d’Israël, et qu’une stratégie pour une lutte nationale devrait être élaborée sur cette base (al-Jazeera, 8 décembre 2017).
- Khalil al-Haya, un membre du bureau politique du Hamas, a appelé le peuple palestinien à descendre dans la rue, affirmant que c’était le début d’une nouvelle intifada appelée “Liberté de Jérusalem.” Il a précisé qu’il s’agit d’une nouvelle étape qui demande une nouvelle stratégie de lutte contre la décision américaine (Dunia al-Watan, 9 décembre 2017).
Menaces de la branche armée du Hamas
- La branche armée du Hamas a publié sur son compte Twitter en hébreu une série d’avis qui menacent Israël :
- 01 – L’ennemi va payer un prix élevé pour son agression, sa trahison et son crime. contre notre peuple (Brigades Izz al-Din al-Qassam).
- 02 – L’ennemi doit avoir peur, être très prudent et savoir qu’il va payer un prix élevé pour avoir violé les lois de la guerre avec la résistance de Gaza. Le temps va prouver dans les prochains jours que l’ennemi a fait une erreur terrible (Brigades Izz al-Din al-Qassam).
- 03 – Les dirigeants de l’ennemi doivent comprendre qu’ils mènent une guerre contre la résistance d’une façon stupide. Nous promettons qu’ils vont se mordre les doigts et être désolés pour leur évaluation idiote du silence de la résistance et la façon dont ils gèrent la bataille (Brigades Izz al-Din al-Qassam).
Déclarations de responsables du JIP
- Le porte-parole du JIP Daoud Shehab a appelé le public palestinien à renforcer “l’intifada de Jérusalem” et à intensifier la résistance, en particulier en Cisjordanie. Le haut responsable de l’organisation Khaled al-Batash a déclaré que son organisation, de concert avec les autres organisations, ne fera qu’aggraver l’Intifada de Jérusalem et la lutte armée dans toute la Palestine (al-Mayadeen, 7 décembre 2017).