Pleins feux sur le jihad mondial (4-10 janvier 2018)

uines de la maison d'un membre du conseil du district de Qarah Tabah détruite par des membres de l'Etat islamique (Al-Sumaria News, 6 janvier 2018)

uines de la maison d'un membre du conseil du district de Qarah Tabah détruite par des membres de l'Etat islamique (Al-Sumaria News, 6 janvier 2018)

Membres de l'Etat islamique arrêtant d'autres véhicules au point de contrôle (Akhbar Al-Muslimeen, 5 janvier 2018).

Membres de l'Etat islamique arrêtant d'autres véhicules au point de contrôle (Akhbar Al-Muslimeen, 5 janvier 2018).

Abu Kazem al-Maqdisi, membre de la Province du Sinaï de l'Etat islamique menace de tuer des juifs (Akhbar al-Muslimeen, 3 janvier 2018)

Abu Kazem al-Maqdisi, membre de la Province du Sinaï de l'Etat islamique menace de tuer des juifs (Akhbar al-Muslimeen, 3 janvier 2018)

Le membre de la Province du Sinaï de l'Etat islamique Mohammad al-Dajani pointant une arme sur la tête d'Abu Musa Zamat juste avant de l'exécuter (Akhbar al-Muslimeen, 3 janvier 2018).

Le membre de la Province du Sinaï de l'Etat islamique Mohammad al-Dajani pointant une arme sur la tête d'Abu Musa Zamat juste avant de l'exécuter (Akhbar al-Muslimeen, 3 janvier 2018).

Principaux événements de la semaine
  • Les forces syriennes, avec le soutien aérien de la Russie, ont poursuivi la campagne de reprise de la région d’Idlib, qui se trouve sous l’emprise des organisations rebelles (notamment le Siège de Libération d’al-Sham). Il semble que leur principal effort porte sur la reprise de l’aérodrome militaire d’Abu al-Duhur, au Sud-Est d’Idlib, qui représente une cible intermédiaire importante.
  • Les Russes ont déjoué cette semaine une tentative d’attaque de 13 drones contre la base aérienne de Hmeymim et la base navale de Tartous. Il faut noter que fin Décembre 2017, plusieurs roquettes et obus de mortier ont été tiré sur la base russe de Hmeymim. Les Russes ont accusé l‘organisation rebelle d’Ahrar al-Sham, à caractère islamique, déployée dans la région d’Idlib, d’être responsable du tir des drones. Les faits n’ont pas été corroborés.
  • Ces frappes sont selon nous l’œuvre d’organisations rebelles de la région d’Idlib, qui aspirent à apaiser les tensions exercées contre elles dans le secteur oriental de l’enclave et dans le secteur agricole du Sud d’Idlib. Les frappes prouvent à la Russie qu’en dépit de ses déclarations sur une “victoire” en Syrie, et en dépit du retrait d’une partie des forces, la guerre civile est loin d’être terminée.
  • La Province du Sinaï de l’Etat islamique a publié cette semaine une vidéo filmée au Nord du Sinaï, critiquant vivement le Hamas pour son “infidélité”. La vidéo montre plusieurs membres du Hamas qui se sont enfuis de la bande de Gaza et qui ont rejoint les rangs de l’Etat islamique dans le Sinaï. La vidéo montre l’exécution d’un contrebandier de Rafah, accusé par l’organisation d’avoir transféré des armes à la branche armée du Hamas. La vidéo comprend également des menaces contre les juifs. La presse égyptienne a présenté le film comme une preuve du fait que le Hamas continue de transférer en contrebande des armes dans la bande de Gaza via le Sinaï, et possède un réseau d’activistes chargés de ces activités.
Principaux développements en Syrie
Série d’attaques contre les bases russes de Hmeymim et Tartous
  • La base de Hmeymim de l’armée de l’air russe et la base navale russe de Tartous ont récemment été la cible de frappes de drones, de tirs de roquettes et d’obus de mortier. Ci-après le détail des attaques (médias russes) :
    • Le ministère russe de la Défense a publié un communiqué selon lequel entre le 5 et le 6 janvier 2018, une “frappe terroriste” a été déjouée contre la base russe de Hmeymim et le centre logistique de la marine russe à Tartous. La frappe a été effectuée avec 13 drones équipés d’engins piégés de fabrication artisanale. Dix drones ont tenté d’attaquer la base de Hmeymim et trois la base de Tartous. Selon les Russes, aucun drone n’a frappé sa cible. Sept drones ont été abattus par le système russe de défense aérienne et six par un autre système de défense électronique russe (trois ont explosé durant leur atterrissage).
    • Selon le communiqué du ministère russe de la Défense, les drones ont été tirés d’une distance de 50 km[1] et étaient équipés d’un système de navigation sophistiqué. C’est la première fois que des drones de ce type sont utilisés dans des attaques. Selon les Russes, la technologie est celle d’un pays tiers doté de capacités technologiques élevées (Page Facebook du ministère russe de la Défense, 8 janvier 2018).
    • Le 31 décembre 2017, plusieurs obus de mortier ont été tirés sur la base aérienne russe de Hmeymim. Le 4 janvier 2018, le ministère russe de la Défense a confirmé la frappe contre la base de Hmeymim. Selon le rapport du ministère, “un groupe de terroristes armés” a réalisé la frappe, suite à laquelle deux soldats ont été tués. Le ministère russe de la Défense a démenti la destruction d’appareils russes[2] (Tass, 4 janvier 2018). Le quotidien Kommersant, qui a rapporté cette information, a précisé qu’il s’agit d’un des plus graves incidents qui a eu lieu depuis le début de l’implication russe en Syrie. Jusqu’alors, aucune frappe significative n’a touché le matériel russe et c’est la première fois que les systèmes russes de défense aérienne n’ont pas réagi (Kommersant, 3 janvier, mis à jour au 4 janvier 2018).
    •  Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a annoncé que le 27 décembre 2017, des “hommes armés” ont tiré plusieurs roquettes sur l’aéroport international de Lattaquié et sur la base de l’armée de l’air russe de Hmeymim. Deux engins ont été interceptés par le système russe de défense aérienne. Un troisième engin a dévié de sa trajectoire et s’est abattu à la périphérie de la ville de Jableh (Site Internet du ministère russe des Affaires étrangères, 28 décembre 2017).
Les bombes transportées par les drones (Page Facebook du ministère russe de la Défense, 8 janvier 2018).   Un des drones impliqués dans la tentative de frappe.
Droite: Un des drones impliqués dans la tentative de frappe. Gauche: Les bombes transportées par les drones (Page Facebook du ministère russe de la Défense, 8 janvier 2018).
  • Jusqu’ici, aucune organisation n’a revendiqué la responsabilité de la frappe effectuée par les drones. Toutefois, des sources militaires ont annoncé au quotidien Kommersant qu’il est fort probable que l’organisation rebelle islamique Ahrar al-Sham est responsable de l’attaque. L’organisation a déjà dans le passé tenté d’attaquer par des drones des unités du génie de l’armée syrienne dans la ville de Homs (tentative déjouée). Selon ces sources militaires, l’étude des données des drones prouve “en partie” l’implication d’Ahrar al-Sham dans la dernière frappe (5-6 janvier 2018). Le ministère russe de la Défense a publié un communiqué officiel selon lequel les appareils impliqués dans la frappe contre les bases russes de Hmeymim et de Tartous en Syrie ont été tirés du village d’al-Mawzarah (32km au Sud-Ouest d’Idlib).

Ahrar al-Sham, qui a été accusée par les Russes, est une organisation rebelle islamique établie au début de la guerre civile en Syrie après l’unification de plusieurs organisations rebelles islamiques. Après la tentative d’attaque de drones, les Russes se sont adressés à la Turquie, qui soutient l’organisation. Le siège de l’organisation est situé dans la région d’Idlib, où le groupe dominant est le Siège de Libération d’al-Sham (anciennement le Front Al-Nusra). En Juillet 2017, le Siège de Libération d’al-Sham a lancé une campagne militaire contre Ahrar al-Sham dans la région d’Idlib, après quoi il s’est positionné comme l’organisation dominante dans la région d’Idlib. Il semble qu’à la lumière de la campagne de reprise d’Idlib, Ahrar al-Sham travaille en coopération avec le Siège de Libération d’Al-Sham, quoique dans des zones de combat distinctes.

Résumé et conclusions
  • Les attentats contre la base russe de Hmeymim et la base navale de Tartous ont été menés par les organisations rebelles qui opèrent dans la région d’Idlib. Selon nous, leur objectif était de faire pression sur les forces syriennes qui, avec l’appui de l’armée de l’air russe, tentent de reprendre l’enclave d’Idlib et exercent des pressions principalement sur sa partie orientale. Il est possible qu’Ahrar al-Sham soit responsable de la tentative d’attaque de drones, mais cela doit être vérifié.

Ces attaques ont fait comprendre à la Russie que, malgré les déclarations de ses dirigeants au sujet d’une victoire en Syrie et en dépit du retrait d’une petite partie des forces russes, la guerre civile est encore loin d’être terminée. Elles prouvent également que les avant-postes stratégiques de la Russie sur la bande côtière, principalement Hmeymim et Tartous, sont très vulnérables aux attaques des organisations rebelles qui contrôlent la région d’Idlib.

La campagne de reprise du secteur d’Idlib
  • L’armée syrienne et ses alliés ont continué leur activité dans la région d’Idlib, principalement dans la zone rurale au Sud de la ville et dans la partie orientale de la Province d’Idlib:
    • Après des affrontements avec des membres du Siège de Libération d’Al-Sham et les organisations qui le soutiennent, les forces syriennes ont repris plusieurs villes et villages dans la zone rurale du Sud d’Idlib (Institut d’information de l’armée syrienne, 7 janvier 2018). Le Siège de Libération d’Al-Sham aurait subi de nombreuses pertes d’armes et de matériel militaire (Sana, 7 janvier 2018). Selon l’agence de presse du Siège de Libération d’Al-Sham, les forces d’élite de l’organisation auraient tué 35 soldats syriens à environ 52 km au Sud d’Idlib (Agence de presse Ibaa, affiliée au Siège de Libération d’Al-Sham, 8 janvier 2018).
    •   Dans le même temps, l’armée syrienne et les forces qui la soutiennent ont continué à opérer dans la partie orientale de la province d’Idlib, dans la zone rurale au Nord de Hama. Selon les rapports, depuis le début de la campagne le 22 octobre 2017, les forces syriennes ont repris plus de 87 villes et villages de la région (Observatoire syrien des droits de l’homme, 6 janvier 2018).

Il semble que l’effort principal des forces syriennes porte maintenant sur la reprise de l’aéroport militaire d’Abu Ad-Duhur, qui représente un objectif intermédiaire important dans la campagne de reprise de la région d’Idlib. Cette base aérienne, l’une des plus grandes dans le Nord de la Syrie, a été occupée par les organisations rebelles en 2015.

Explosion d’une voiture piégée à Idlib
  • Le 7 janvier 2018, une voiture piégée a explosé rue Al-Thalatheen à Idlib. Au moins 43 personnes ont été tuées et des dizaines d’autres ont été blessées. 27 civils, pour la plupart des enfants, figurent parmi les victimes (Observatoire syrien des droits de l’homme, 8 janvier 2018). En outre, au moins quatre bâtiments ont été endommagés (Agence de presse Ibaa, 7 janvier 2018). Pour le moment, aucune organisation n’a revendiqué la responsabilité de l’attaque. L’explosion aurait eu lieu en face du siège militaire d’une organisation appelée “l’Armée du Caucase” (Al-Jazeera, 7 janvier 2018 ; Ibaa, 7 janvier 2018).
  • L‘Armée du Caucase (Ajnad Al-Qawqaz) est une organisation armée dont les membres viennent de Tchétchénie, du Caucase et des Balkans. Le commandant de l’organisation (au moins depuis le 10 août 2015) est Abd al-Hakeem al-Sheeshani, né en 1983, de la capitale tchétchène Grozny (Arabi 21, 10 août 2015).
Voiture piégée neutralisée au Centre de Palmyre
  • L’armée syrienne a indiqué avoir neutralisé un véhicule piégé de l’Etat islamique à environ 20 km au Sud-Est de Palmyre. Ce type de véhicule est utilisé par les membres de l’organisation. Il contenait des engins piégés chargés de plus de 500 kg d’explosifs. Les explosifs comprenaient également de nombreuses mines anti-char (Chaîne Youtube Sana, 4 janvier 2018).
Mines anti-char (Chaîne Youtube Sana, 4 janvier 2018).   Voiture piégée neutralisée par l'armée syrienne au Sud-Est de Palmyre.
Droite : Voiture piégée neutralisée par l’armée syrienne au Sud-Est de Palmyre. Gauche : Mines anti-char (Chaîne Youtube Sana, 4 janvier 2018).
Poursuite des affrontements au Nord d’Abu-Kamal
  • Les affrontements entre les forces des FDS et les membres de l’Etat islamique à l’Est de l’Euphrate ont continué cette semaine. Selon l’Etat islamique, vingt combattants de FDS ont été tués et quatre ont été faits prisonniers lors d’affrontements à environ 37 km au Nord-Ouest d’Abu-Kamal (Akhbar Al-Muslimeen, 9 janvier 2018).
Evacuation des rebelles de l’enclave de Beit Djinn
  • Au cours de la semaine, la mise en œuvre de l’accord d’évacuation des rebelles de l’enclave de Beit Djinn a continué. Dans le cadre de ce processus, l’armée syrienne a saisi plusieurs avant-postes au pied du mont Hermon, à la frontière entre Israël et la Syrie, dont un avant-poste dans le secteur de Mazraat Beit Djinn (Télévision syrienne, 5 janvier 2018). Des dizaines de membres des forces rebelles dans les villes de Beit Djinn et Mazraat Beit Djinns ont décidé de ne pas partir et de rester dans leurs maisons (Sana, 7 janvier 2018). Les forces syriennes auraient commencé à réglementer leur statut, et ils ont remis leurs armes à l’armée syrienne (Télévision syrienne, 7 janvier 2018).
Principaux développements en Irak
Activités de guérilla et de terrorisme de l’Etat islamique et activités antiterroristes des forces irakiennes
  • Cette semaine encore, les forces de sécurité irakiennes ont continué à mener des activités militaires intensives contre les membres de l’Etat islamique répartis dans le Nord de l’Irak, dans des enclaves et des poches sporadiques. Au Nord de Baiji, trois membres de l’organisation ont été tués par les forces de sécurité irakiennes. L’un d’eux portait une ceinture d’explosifs (Agence de presse irakienne, 5 janvier 2018). 12 membres de cellules dormantes de l’organisation qui se cachaient dans la ville de Kirkouk ont été arrêtés par les forces de sécurité irakiennes (Agence de presse irakienne, 7 janvier 2018).
  • Cette semaine, il y a eu plusieurs attaques contre les forces de sécurité irakiennes. L’Etat islamique n’a pas publié de réclamation officielle de la responsabilité de certaines de ces attaques, probablement de peur d’exposer ses membres et peut-être en raison des dommages subis par l’infrastructure de communications de l’organisation en Irak.
  • Ci-après les principaux incidents suivants :
    • Mossoul :
      • Les médias de l’Etat islamique ont annoncé l’élimination d’un “agent du gouvernement irakien” le 6 janvier 2018 dans le quartier d’Al-‘Ereibi au Nord-Ouest de Mossoul (Akhbar Al-Muslimeen, 7 janvier 2018).
      • Selon des rapports de l’Etat islamique, le 5 janvier 2018, deux membres des services de renseignements irakiens ont été tués par balles dans le quartier de Soumare, au Sud de Mossoul (Akhbar Al-Muslimeen, 6 janvier 2018).
    • La province de Diyala
      •  Une femme a été tuée et trois personnes ont été blessées lorsqu’une voiture piégée et une ceinture d’explosifs ont explosé à l’occasion d’une réception du cheikh des tribus Al-Nada (tribus musulmanes sunnites), à environ 50 km à l’Est de Baqubah. Jusqu’à présent, aucune organisation n’a revendiqué la responsabilité de l’attaque. La veille, le cheikh, s’exprimant lors d’une réunion des tribus, avait demandé à son auditoire de lutter contre des cellules dormantes de l’Etat islamique (Al-Sumaria News, 6 janvier 2018).

Ce n’est pas la première fois qu’une attaque terroriste vise les tribus musulmanes sunnites d’Al-Nada. Le 23 juin 2015, au moins 11 personnes ont été tuées et 29 ont été blessées lorsqu’une voiture piégée a explosé lors d’un rassemblement de chefs des tribus Al-Nada. Le rassemblement faisait suite à l’enlèvement du chef de la tribu Al-Nada en Irak, cheikh Mutlek al-Turki al-Aleewi, probablement par l’Etat islamique (Irak Press, 23 juin 2015). Selon nous, l’explosion de la voiture piégée dans le secteur de l’événement des tribus Al-Nada vise à dissuader les tribus sunnites Al-Nada de soutenir le gouvernement irakien.

  • Le 6 janvier 2018, des individus armés ont attaqué plusieurs positions des forces de sécurité irakiennes et des tribus dans le bassin d’Al-Nida, à environ 55 km à l’Est de Baqubah. Les forces de sécurité irakiennes ont envoyé des renforts sur les lieux des affrontements. Le nombre de morts n’a pas été mentionné (Al-Sumaria News, 6 janvier 2018).
  • Le 6 janvier 2018, il a été signalé que des membres de l’Etat islamique ont fait exploser la maison d’un membre du conseil du district de Qarah Tabah, à environ 112 km au Nord-Est de Baqubah (Al-Sumaria News, 6 janvier 2018). L’Etat islamique n’a pas revendiqué la responsabilité de l’attaque.
L’Egypte et la péninsule du Sinaï
La péninsule du Sinaï
  • Selon des sources de sécurité égyptiennes, les services de sécurité égyptiens au Nord du Sinaï ont déclaré la situation d’urgence dans tous les centres de population et aux barrages de la province. Les forces ont renforcé leurs mesures de sécurité, mettant en place des barrages mobiles sur les routes et dans les quartiers d’Al-Arish. Les forces de sécurité ont également renforcé leur présence autour des points de sécurité et des sites du gouvernement, des postes de police, de la prison centrale et des églises (Page Facebook de l’Union des tribus du Sinaï, 6 janvier 2018). Le niveau d’alerte a également été déclaré sur les routes de montagne et dans les oueds du Sud du Sinaï (page Facebook Sinai News, 6 janvier 2018).
  • En dépit de l’intense activité des forces de sécurité, les membres de l’Etat islamique continuent d’opérer sur le terrain et de mener des attaques terroristes. Le 4 janvier 2017, un policier et un soldat de l’armée égyptienne ont été tués après avoir été arrêtés à un point de contrôle près de Sebeekah, à environ 32 km à l’Ouest du centre d’Al-Arish (Akhbar Al-Muslimeen, 5 janvier 2018).
Un panel égyptien présente les caractéristiques du terrorisme dans le Sinaï en 2017
  • Lors d’un panel sur la question du terrorisme en Egypte, des spécialistes ont résumé l’activité terroriste en 2017. Les experts ont noté un certain nombre de caractéristiques (Al-Siyassa Al-Dawliya, 7 janvier 2018) :
    • En 2017, il y a eu une diminution du nombre d’attaques et une augmentation du nombre d’attentats déjoués. Selon les experts, pour chaque attaque effectuée, deux attentats ont été déjoués.
    • Les attaques terroristes sont passées “d’attaques de quantité à des attaques de qualité”. La plupart des attaques ont continué à cibler les forces de sécurité égyptiennes (armée et police), mais en même temps, une tentative a été faite d’attaquer des cibles civiles et des institutions. Les experts ont recensé une augmentation du nombre d’attaques contre des cibles civiles, principalement les lieux de culte.
    • Les terroristes sont arrivés dans de nouveaux secteurs dans le Nord de la péninsule du Sinaï. L’Etat islamique a recruté des membres d’Egypte, de régions telles que Le Caire, la vallée du Nil et le delta du Nil.
    • Des activités de petites équipes mobiles, qui posent un défi majeur aux forces de sécurité égyptiennes.
    • En ce qui concerne 2018, les experts s’attendent à ce le terrorisme soit affecté par plusieurs facteurs : l’évolution internationale, les tensions dans diverses régions du monde, les défis économiques et technologiques en matière de sécurité et les batailles d’influence entre les entités régionales et internationales. Concernant l’Etat islamique, ils prédisent qu’à la suite de sa défaite en Syrie et l’Irak, il va tenter de se réinventer en Afrique du Nord, y compris dans la péninsule du Sinaï.
Activités de l’Etat islamique dans d’autres pays
Afghanistan : Attentat suicide à Kaboul et activités des forces de sécurité afghanes
  • Le 4 janvier 2018, un attentat suicide a été mené dans la partie Nord-Est de la capitale, Kaboul. Un terroriste suicide s’est fait exploser parmi des policiers afghans qui protégeaient une manifestation de propriétaires de boutiques de la région. Un total de 13 policiers ont été tués et 16 autres blessés. Deux civils ont également été blessés. L’Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l’attaque (Afghanistan Times, 5 janvier 2018).
  • Vingt membres de l’Etat islamique ont été tués dans une opération des forces de sécurité afghanes dans le district d’Alingar (Laghman), à environ 40 km au Nord de Jalalabad. L’opération comprenait des tirs d’artillerie et des attaques aériennes contre les positions de l’organisation dans la région. Deux autres membres de l’organisation ont été tués dans une opération similaire dans le district d’Achin dans l’Est de l’Afghanistan, à environ 36 km au Sud-Est de Jalalabad (Afghanistan Times, 6 janvier 2018).
La guerre de propagande
La Province du Sinaï de l’Etat islamique publie une vidéo critiquant le Hamas
  • Le 3 janvier 2018, la Province du Sinaï de l’Etat islamique a publié une vidéo de propagande tournée dans le Nord du Sinaï, critiquant sévèrement le Hamas. La vidéo montre notamment des membres du Hamas qui ont fui la bande de Gaza et qui ont rejoint les rangs de l’Etat islamique (Akhbar al-Muslimeen, 3 janvier 2018).
  • Ci-après les principaux points de la vidéo :
    • La vidéo commence avec le Président des États-Unis déclarant Jérusalem capitale d’Israël. Ensuite, dans le contexte d’une vue panoramique sur le dôme du Rocher et de la mosquée Al-Aqsa, l’orateur explique l’importance de Jérusalem pour les Musulmans. Selon lui, la Palestine a été négligée et oubliée, et Trump a déclaré Jérusalem la “capitale des Juifs.”
    • Une autre partie de la vidéo est consacrée à dénoncer le Hamas, “qui maintient un régime qui n’est pas le régime de la religion, qui lutte contre les combattants du jihad et qui adhère à la démocratie.” Le Hamas est accusé “d’infidélité” et de collaboration avec l’Égypte. Ensuite, les salafistes de la bande de Gaza sont appelés à agir contre le régime du Hamas.
    • La vidéo montre l’exécution de Musa Abu Zamat, un contrebandier de Rafah accusé par l’Etat islamique de transférer des armes à la branche armée du Hamas.
    • À la fin de la vidéo, Abu Kazem al-Maqdisi, membre de la Province du Sinaï de l’Etat islamique menace : “Pour les Juifs, comme pour les Juifs, nous avons déjà tiré l’épée aiguë pour eux et préparé une énorme armée pour eux, nous allons détruire leurs forteresses” (Akhbar al-Muslimeen, 3 janvier 2018).
  • Ci-après la suite des membres de l’Etat islamique dans le Sinaï qui ont fui la bande de Gaza et sont mentionnés dans la vidéo (selon des sources palestiniennes et arabes) :
    • Hamza Adel al-Zamali : L’individu dans la vidéo qui menace le Hamas est présenté comme Kazem al-Ghazawi ou Mohammad Adel al-Kazem ou Abu Kazem al-Maqdisi. Il est né en 1992 du côté palestinien de Rafah. Il a quitté la bande de Gaza pour le Sinaï il y a deux ans. Il aurait été appelé pour être interrogé à plusieurs reprises par l’appareil de sécurité à Rafah, qui l’a accusé de plusieurs infractions criminelles (vols et infractions).
    • Mohammad al-Dajani, alias Rashad Anwar al-Dajani. Al-Dajani vivait dans le camp de réfugiés de Shati dans l’Ouest de la bande de Gaza et était membre de la branche armée du Hamas. Après avoir été influencé par l’idéologie extrémiste de l’Etat islamique, il a quitté la bande de Gaza pour le Sinaï et a rejoint les rangs de l’Etat islamique. Mohammad al-Dajani est l’homme qui a exécuté Musa Abu Mohammad Munsa Zamat. [3]
    • Abu al-Rawi: Originaire du camp de réfugiés de Nuseirat, il a été arrêté pour des infractions qu’il a commises. Il s’est enfui pour le Sinaï et a rejoint les rangs de l’Etat islamique dans la zone de Sheikh Zuweid (Arabi 21 ; Al-Bawaba News, 3 janvier 2018).
Le membre de la Province du Sinaï de l'Etat islamique Mohammad al-Dajani pointant une arme sur la tête d'Abu Musa Zamat juste avant de l'exécuter (Akhbar al-Muslimeen, 3 janvier 2018).   Abu Kazem al-Maqdisi avant l'exécution de Musa Abu Zamat (Akhbar al-Muslimeen, 3 janvier 2018).
Droite : Abu Kazem al-Maqdisi avant l’exécution de Musa Abu Zamat (Akhbar al-Muslimeen, 3 janvier 2018). Gauche : Le membre de la Province du Sinaï de l’Etat islamique Mohammad al-Dajani pointant une arme sur la tête d’Abu Musa Zamat juste avant de l’exécuter (Akhbar al-Muslimeen, 3 janvier 2018).
Réaction égyptienne à la vidéo
  • Sur fond de la vidéo et de l’identification des participants, le Hamas a été vilipendé dans la presse égyptienne :
  • Dans un article publié dans al-Ahram, Ashraf Abu Alul affirme que la vidéo montre le lien entre les extrémistes de la bande de Gaza et la violence dans la péninsule du Sinaï. L’auteur précise encore que le Hamas n’a pas remis aux Egyptiens les noms des activistes qui ont rejoint les rangs de l’Etat islamique dans la péninsule du Sinaï. Suite à cela, il s’est interrogé au sujet de l’engagement du Hamas envers l’Egypte au sujet de la situation à la frontière et du passage de terroristes de la bande de Gaza par des tunnels et a appelé à un examen face à la direction du Hamas (Al-Ahram, 8 janvier 2018).
  • Dans un article publié dans le journal al-Misri al-Yawm, il est précisé que le film montre que le Hamas utilise le Sinaï pour transférer des armes et possède un réseau d’activistes chargés de ces activités. Certaines des membres de l’Etat islamique au Nord de la péninsule du Sinaï sont de la bande de Gaza et certains ont rejoint le Hamas dans le passé. Le Nord du Sinaï est devenu une arène de lutte entre le Hamas et l’Etat islamique. Selon le texte, un courant au sein du Hamas tente d’éloigner le Hamas de la réconciliation nationale. Le texte précise qu’il est nécessaire d’examiner les demandes de l’Iran et du Hezbollah et les liens entre Qassem Suleimani et la direction de la branche armée du Hamas et du Jihad Islamique Palestinien dans la bande de Gaza (Al-Misri al-Yawm, 9 janvier 2018).

Caricature publiée par le Hamas suite à la vidéo de l'Etat islamique. En titre on peut lire "La Province du Sinaï exécute un jeune accusé de transférer des armes à la résistance de Gaza" (Compte Twitter Palinfo, 4 janvier 2018).
Caricature publiée par le Hamas suite à la vidéo de l’Etat islamique. En titre on peut lire “La Province du Sinaï exécute un jeune accusé de transférer des armes à la résistance de Gaza” (Compte Twitter Palinfo, 4 janvier 2018).

[1] La ville d'Idlib, le fief des organisations rebelles, se trouve à 85 km (à vol d'oiseau) au Nord-Ouest de la base russe de Hmeymim. Les tirs semblent avoir été tirés du Sud-Ouest d'Idlib, qui est sous le contrôle des organisations rebelles.
[2] Plusieurs sources ont signalé que suite à la frappe, au moins sept avions russes (quatre bombardiers Su-24, deux appareils Su-35s et un avion de transport de type An-72) ont été détruits. De plus, dix militaires auraient été blessés. Le ministère russe de la Défense a démenti ces informations.
[3] La famille de Mohammad al-Dajani a publié la déclaration suivante : "Face à l'acte criminel commis par Mohammad al-Dajani, nous soulignons que la famille est libre de sa responsabilité pour cela et d'autres lois qui sont contraires à notre religion et aux valeurs de notre peuple" (Dunya Al-Watan, 4 janvier 2018).