Aperçu général
- Dans l’arène syrienne, la pression sur les deux organisations jihadistes rivales, le Siège de Libération d’Al-Sham et l’Etat islamique, s’est accrue au cours de la semaine écoulée :
- Dans la région d’Idlib, l’armée syrienne a conquis le village de Mushayrafa du Siège de Libération d’Al-Sham et d’autres organisations rebelles. Le village est situé à environ 30 km au Sud-Est d’Idlib (à l’Est de la route principale entre Hama et Alep). Selon nous, la conquête vise à établir le contrôle de l’armée syrienne sur l’autoroute, en vue de son avancée continue vers le Nord, en direction de la ville d’Idlib, fief des organisations rebelles.
- Dans la région de Deir ez-Zor, l’armée américaine, en coopération avec les Kurdes (FDS), a mené une vaste opération contre l’Etat islamique, qui a intensifié ses activités dans la vallée de l’Euphrate ces derniers mois. Ainsi, les États-Unis continuent leur implication active en Syrie malgré l’annonce de la défaite de l’Etat islamique et de son intention de retirer ses forces de la Syrie.
- En Afghanistan, la province du Khorasan de l’Etat islamique a été sévèrement frappée par le succès de l’opération à grande échelle des forces de sécurité afghanes, avec le soutien des États-Unis et de la Coalition. Le but de l’opération était de nettoyer la province de Nangarhar, dans l’Est de l’Afghanistan, de la présence de membres de l’Etat islamique (qui ont fait de cette province le centre de leurs opérations en Afghanistan). Selon les médias afghans, plus de 600 membres de l’Etat islamique et plusieurs centaines de membres de leur famille se seraient livrés au gouvernement afghan, dont de nombreux combattants étrangers (Pakistanais, Indiens, Tadjiks, Ouzbeks, Russes, Iraniens et Kurdes). L’Etat islamique n’a pas encore répondu au coup qu’il a subi en Afghanistan.
- Des responsables américains et afghans affirment que la province de Khorasan de l’Etat islamique a été éliminée. Selon nous, il est encore trop tôt pour célébrer son élimination. En effet, l’organisation a déjà prouvé sa capacité à se réhabiliter, même après les coups durs subis, et on peut supposer qu’elle s’efforcera de se réhabiliter en Afghanistan. Un autre résultat du coup porté à l’Etat islamique pourrait être le renforcement du statut des talibans, organisation rivale de l’Etat islamique, compte tenu en particulier de l’enlisement des négociations avec les États-Unis sur l’avenir du pays et le statut des talibans dans la région d’Idlib.
La région d’Idlib
Aperçu général
Dans la région d’Idlib, le cessez-le-feu (fragile) unilatéral déclaré par l’armée syrienne il y a environ trois mois a été violé de manière substantielle cette semaine. L’armée syrienne a lancé une offensive contre le village de Mushayrafa et plusieurs villages à proximité, dans la partie Sud-Est de la région d’Idlib (à environ 30 km au Sud-Est d’Idlib). Selon nous, la prise de contrôle de la région de Mushayrafa visait à établir le contrôle de l’armée syrienne sur la route Hama-Alep, en vue de son avancée continue vers le Nord, vers le fief des organisations rebelles de la ville d’Idlib. Parallèlement, au cours de la semaine écoulée, les échanges de tirs entre l’armée syrienne et les organisations rebelles (notamment dans la région de Kabanah) se sont intensifiés.
Reprise de Mushayrafa par l’armée syrienne : Etat des lieux
- Le 19 novembre 2019, l’armée syrienne a lancé une attaque terrestre contre les organisations rebelles sous la direction du Siège de Libération d’Al-Sham à Mushayrafa et dans plusieurs villages au Sud de l’autoroute Hama-Alep. Pendant plusieurs jours, le contrôle de Mushayrafa alternait d’un côté à l’autre. Le 24 novembre 2019, l’armée syrienne a réussi à reprendre Mushayrafa (voir carte). Le 25 novembre 2019, l’armée syrienne a étendu son contrôle à d’autres villages au Sud de Mushayrafa. Au total, 19 membres des forces rebelles et huit soldats syriens ont été tués dans les combats (Observatoire syrien des droits de l’homme, 25 novembre 2019).
Les villages de la région de Mushayrafa repris par l’armée syrienne aux organisations rebelles (Google Maps)
Carte des zones de contrôle dans le Sud-Est de la région d’Idlib (mise à jour du 25 novembre 2019). Vert : Zone de contrôle du Siège de Libération d’Al-Sham et des autres organisations rebelles ; en rouge : zone de contrôle de l’armée syrienne et des forces qui la soutiennent ; en jaune : la zone de combat dans et autour du village de Mushayrafa ; en bleu : villages repris par l’armée syrienne dans la région de Mushayrafa (Khotwa, 25 novembre 2019)
Frappes aériennes
- Des avions russes et syriens ont continué de frapper des cibles des organisations rebelles au Sud de la région d’Idlib :
- Le 23 novembre 2019, des chasseurs russes ont lancé plusieurs raids aériens contre des postes de commandement de l’armée de la guerre, affiliée à Al-Qaïda, dans la région de Kafrnubl (à environ 30 km au Sud d’Idlib). Deux membres de l’armée de la gloire ont été tués et six autres ont été blessés dans l’une des frappes aériennes (Khotwa, affilié aux organisations rebelles, 23 novembre 2019).
- Le 24 novembre 2019, des avions de combat syriens ont largué des engins piégés sur des cibles situées au Sud d’Idlib. La frappe aérienne s’est concentrée sur la route menant à Maarat Nu’man. En outre, des avions de combat russes ont attaqué des cibles situées au Sud et au Sud-Est d’Idlib (Observatoire syrien des droits de l’homme, 24 novembre 2019).
- Le 26 novembre 2019, des avions de combat syriens ont largué des engins piégés sur Kafrnubl, à environ 30 km au Sud d’Idlib, et sur d’autres villages au Sud d’Idlib. En outre, des avions russes ont attaqué Kafrnubl (Edlib Media Center – EMC, 26 novembre 2019). Le Siège de Libération d’Al-Sham a signalé qu’à la suite des frappes aériennes, des milliers d’habitants ont été déplacés vers les zones internes contrôlées par les organisations rebelles (Ibaa, 27 novembre 2019).

Des frappes aériennes à Kafrnubl
(Edlib Media Center – EMC, 26 novembre 2019)
Résumé des pertes subies depuis le début de l’offensive syrienne
- Depuis le début de l’attaque terrestre de l’armée syrienne au début de Mai 2019, un total de 4 646 personnes ont été tuées dans la région d’Idlib. Parmi les morts, 1 849 membres d’organisations rebelles, dont 1 201 membres d’organisations jihadistes. Parmi les morts, 1 595 soldats et membres de l’armée syrienne et des forces qui la soutiennent, ainsi que 1 202 civils (Observatoire syrien des droits de l’homme, 26 novembre 2019).
Vallée de l’Euphrate
Opération des Etats-Unis et des FDS contre l’Etat islamique dans la région de Deir ez-Zor
- Le commandement central américain (CENTCOM) a déclaré que le 22 novembre 2019, une opération de grande envergure a été menée contre l’Etat islamique dans la province de Deir ez-Zor. Selon le communiqué, l’Etat islamique continue de représenter une “menace persistante dans le Nord-Est de la Syrie”. L’opération a été menée par les forces de la coalition aux côtés de centaines de commandos des “forces en partenariat” (cf., les FDS). Au cours de l’opération, des positions ont été détruites et de nombreux membres de l’Etat islamique ont été tués ou blessés. Selon la déclaration, 12 membres de l’Etat islamique auraient été faits prisonniers (CENTCOM, 23 novembre 2019).
La participation des États-Unis à l’opération contre l’Etat islamique est la preuve que les États-Unis continuent de participer activement aux combats contre l’Etat islamique dans l’Est de la Syrie, aux côtés des forces kurdes et des FDS, en dépit des déclarations précédentes sur le retrait des forces américaines du Nord de la Syrie et la défaite de l’Etat islamique. À présent, les Américains reconnaissent que l’Etat islamique continue de représenter une menace dans le Nord-Est de la Syrie et qu’ils “doivent rester vigilants pour l’empêcher”.
Activités de l’Etat islamique dans la vallée de l’Euphrate
- Le 18 novembre 2019, un commandant du renseignement des FDS a été visé par une mitrailleuse sur la route des champs de pétrole d’Al-Omar, à environ 50 km au Sud-Est de Deir ez-Zor. Il a été tué (Telegram, 20 novembre 2019).
- Le 20 novembre 2019, deux combattants des FDS ont été abattus dans le village de Diban, à 5 km à l’Est d’Al-Mayadeen. L’un d’eux a été tué et l’autre gravement blessé (Telegram, 20 novembre 2019).
- Le 23 novembre 2019, un véhicule transportant des combattants des FDS a été visé par une mitraillette à 8 km au Sud-Est d’Al-Mayadeen. Trois combattants des FDS ont été blessés (Telegram, 23 novembre 2019).
- Le 23 novembre 2019, un point de contrôle des FDS a été visé par une mitrailleuse à 7 km au Nord-Est d’Abu Kamal. Un combattant des FDS a été tué et deux autres ont été blessés (Telegram, 23 novembre 2019).
L’Etat islamique tente de perturber le système de gouvernement local dans la région d’Al-Mayadeen
- Le 27 novembre 2019, des membres de l’Etat islamique ont distribué des tracts menaçant les représentants du gouvernement local des FDS dans deux villages proches d’Al-Mayadeen. En outre, les hommes, et en particulier les femmes, ont été appelés à s’habiller conformément à la loi religieuse islamique, menaçant de punir quiconque ne s’y conformerait pas. De telles menaces auraient également été proférées par le passé, entraînant la démission de fonctionnaires et d’enseignants de la province de Deir ez-Zor (Deir ez-Zor 24, 27 novembre 2019).
Activités antiterroristes et préventives des FDS
- Le 23 novembre 2019, les forces des FDS ont mené une opération visant à arrêter des membres de l’Etat islamique à Diban, à 5 km à l’Est d’Al-Mayadeen. Au cours de l’opération, une escouade composée de quatre membres a été arrêtée. Les armes trouvées en leur possession ont été saisies (Chaîne Youtube SDF Press, 23 novembre 2019).

Droite : Quatre membres de l’équipe de l’Etat islamique arrêtés par les forces des FDS. Gauche : Certaines des armes trouvées en possession des membres de l’Etat islamique
(Chaîne Youtube SDF Press, 23 novembre 2019)
- Le 25 novembre 2019, les forces des FDS ont procédé à une série d’arrestations d’anciens membres de l’Etat islamique à Al-Kabr, à environ 40 km au Nord-Ouest de Deir ez-Zor (Deir ez-Zor 24, 25 novembre 2019).
Syrie orientale
Attaque contre un véhicule de l’armée syrienne
- Le 24 novembre 2019, un engin piégé a été activé contre un minibus de l’armée syrienne sur la route du barrage Al-Wa’ar (à environ 100 km au Sud-Ouest d’Abu Kamal, près de la frontière irakienne). Selon un site d’informations affilié au régime syrien, trois soldats, dont deux officiers, ont été tués dans l’explosion et 12 autres ont été blessés (Enab Baladi, un site d’informations affilié aux organisations rebelles, 25 novembre 2019). Jusqu’à présent, aucune organisation n’a revendiqué l’attaque. Cependant, l’Etat islamique est probablement derrière l’attaque.
Nord-Est de la Syrie (zone de contrôle kurde)
- Le 20 novembre 2019, un engin piégé a été activé et des mitraillettes ont été tirées sur un véhicule de renseignement des FDS à 35 km au Nord-Ouest d’Al-Hasakah. Un commandant des FDS a été tué et deux combattants ont été blessés (Telegram, 22 novembre 2019).
- Le 21 novembre 2019, un engin piégé a été activé contre un véhicule des FDS à l’entrée d’Al-Hasakah. Deux combattants des FDS ont été tués et deux autres ont été blessés (Telegram, 22 novembre 2019).
Principales attaques en Irak
Activités de terrorisme et de guérilla de l’Etat islamique
L’activité la plus marquante de l’Etat islamique au cours de la semaine écoulée a été la détonation de deux voitures piégées dans deux quartiers chiites de Bagdad. L’organisation a signalé 22 victimes. Pour le moment, nous n’avons pas de rapports de sources irakiennes sur l’attaque.
Explosion de voitures piégées dans des centres de population chiites à Bagdad
- Le 22 novembre 2019, l’Etat islamique a signalé que ses membres avaient fait exploser deux voitures piégées dans deux quartiers chiites de Bagdad (le quartier du nouveau Bagdad au Sud-Est de la ville et le quartier d’Al-Sha’la au Nord-Ouest de la ville). Les voitures étaient garées dans des zones à prédominance chiite. À la suite des explosions, 22 résidents chiites ont été tués et blessés (Telegram, 24 novembre 2019).
Autres activités de l’Etat islamique
Région de Salah al-Din
- Le 20 novembre 2019, un membre de la police fédérale irakienne a été tué par balle à environ 80 km au Nord de Bagdad (Telegram, 20 novembre 2019).
- Le 21 novembre 2019, des membres de l’Etat islamique ont capturé un combattant de la mobilisation tribale à Baiji. Il a été exécuté (Telegram, 23 novembre 2019).
- Le 22 novembre 2019, des combattants de la mobilisation populaire ont été pris dans une embuscade au Nord-Est de Samarra. Quatre combattants de la mobilisation populaire ont été tués (Telegram, 23 novembre 2019).
- Le 22 novembre 2019, des affrontements ont eu lieu entre une force de bataillons de la paix chiite et des membres de l’Etat islamique à l’Ouest de Samarra (à environ 100 km au Nord-Ouest de Bagdad). Un milicien a été tué et trois autres ont été blessés (Al-Sumaria News, 22 novembre 2019).
Province de Diyala
- Le 25 novembre 2019, des membres de l’Etat islamique ont attaqué un camp de mobilisation populaire à environ 40 km au Sud-Est de Samarra. Deux membres de la mobilisation populaire ont été tués (Telegram, 26 novembre 2019).
- Le 23 novembre 2019, un engin piégé a été activé contre un membre de la mobilisation tribale à environ 80 km au Nord-Est de Baqubah. Il a été blessé (Telegram, 23 novembre 2019).
- Le 23 novembre 2019, un engin piégé a été activé contre un véhicule de l’armée irakienne à environ 20 km au Sud-Est de Baqubah. Un officier ayant le grade de lieutenant-colonel et trois soldats a été blessé (Al-Sumaria News, 23 novembre 2019). Jusqu’à présent, aucune organisation n’a revendiqué la responsabilité. Cependant, l’Etat islamique est probablement derrière l’attaque.
Efforts de l’Etat islamique pour s’établir dans la province de Diyala (Est de l’Irak)
- L’Etat islamique aurait augmenté l’immigration forcée des résidents de la province centrale et orientale de Diyala, près du lac Hamrin. D’après l’évaluation du site Internet, cela indique que l’organisation souhaite consolider sa présence dans la région, se regrouper et se créer des camps d’entraînement et des bases dans la région (réflexionsoniraq.blogspot.com, 25 novembre 2019). Dernièrement, l’organisation a été particulièrement active dans la région de Hamrin, en particulier dans la région adjacente de Jalula.
Activités antiterroristes des forces de sécurité irakiennes
Bien que la vague de manifestations à Bagdad et dans les provinces du Sud soit au centre de l’attention du régime irakien, les forces de sécurité irakiennes ont poursuivi cette semaine leurs activités antiterroristes contre l’Etat islamique dans le Nord et l’Ouest de l’Irak. L’activité principale était la suivante.
La province de Kirkuk
- Le 21 novembre 2019, un engin piégé a été activé contre un véhicule de la mobilisation tribale à environ 30 km au Sud-Ouest de Kirkouk. Trois combattants ont été blessés (Telegram, 23 novembre 2019).
- Le 23 novembre 2019, les forces de sécurité irakiennes ont mené une opération visant à localiser des membres de l’Etat islamique dans le district d’Al-Hawija, à environ 50 km à l’Ouest de Kirkuk. En outre, une opération a également été menée dans la région d’Al-Abbasi, à environ 70 km au Sud-Ouest de Kirkouk (al-hashed.net, 23 novembre 2019).
Province de Salah al-Din
- Le 22 novembre 2019, les forces de sécurité irakiennes ont mené une opération visant à localiser les membres de l’Etat islamique dans le district de Baiji, à environ 200 km au Nord de Bagdad. Le but de l’opération était d’arrêter des éléments recherchés dans les zones de retour des résidents déplacés de leurs foyers et d’assurer leur sécurité (al-hashed.net, 22 novembre 2019).
- Le 23 novembre 2019, des avions de la coalition internationale, en coordination avec l’unité antiterroriste irakienne, ont lancé un raid aérien contre trois tunnels et une cachette de l’Etat islamique à 9 km au Sud de Shirqat (environ 100 km à l’Ouest de Kirkuk) (Al-Sumaria News, 23 novembre 2019).
- Le 24 novembre 2019, une frappe aérienne a été menée près de Tikrit, à environ 150 km au Nord de Bagdad, contre une cachette de l’Etat islamique (Kurdistan 24, 24 novembre 2019). Les membres de l’Etat islamique hébergés sur place ont été tués (Al-Sumaria News, 24 novembre 2019).
Province d’Al-Anbar
- Le 23 novembre 2019, les forces de sécurité irakiennes ont capturé une équipe composée de 17 membres de l’Etat islamique à environ 5 km au Nord-Ouest d’Al-Fallujah (Agence de presse irakienne, 23 novembre 2019).
- Le 24 novembre 2019, les forces de sécurité irakiennes ont pris le contrôle d’un repaire de l’Etat islamique au Nord de la route Baiji-Hadith. Ils ont trouvé deux ceintures d’explosifs, trois bombes collantes et du matériel militaire supplémentaire (Al-Sumaria News, 24 novembre 2019).
La ceinture d’explosifs saisie par les services de renseignements militaires irakiens dans le repaire de l’Etat islamique (Iraqi News Agency, 24 novembre 2019)
La péninsule du Sinaï
- Les attaques “de routine” du groupe État islamique dans le Nord de la Péninsule du Sinaï se sont poursuivies. Les principales opérations sont les suivantes :
- Le 19 novembre 2019, un engin piégé a été activé contre un véhicule blindé de l’armée égyptienne près d’un poste de contrôle situé à environ 2 km au Sud-Est de Sheikh Zuweid. Un officier et deux soldats ont été tués. Trois autres soldats ont été blessés (Telegram, 20 novembre 2019).
- Le 20 novembre 2019, un engin piégé a été activé contre un char de l’armée égyptienne à l’Est de Bir al-Abd. Les soldats du char ont été tués ou blessés (Telegram, 21 novembre 2019; Shahed Sinaa, 22 novembre 2019).
- Le 21 novembre 2019, deux “espions” du ministère de l’Intérieur égyptien ont été exécutés à l’Est de Bir al-Abd (Telegram, 21 novembre 2019).
- Le 22 novembre 2019, des “hommes armés” ont capturé deux personnes qui avaient (prétendument) collaboré avec l’armée égyptienne à Bir al-Ab. Les deux hommes ont été interrogés puis exécutés (Shahed Sinaa, 22 novembre 2019).
Activités de prévention
Un groupe affilié à l’Etat islamique réagit à la campagne de Telegram visant a fermer les comptes affiliés à l’Etat islamique
- Suite à une campagne menée cette semaine sur Telegram pour la fermeture de comptes affiliés à l’Etat islamique, un nouveau groupe affilié à l’organisation a diffusé une affiche en anglais et en arabe intitulée “Bonjour, Telegram.” La version arabe de la bannière indique :“Votre guerre [cf., la guerre des agences de renseignement du monde entier] contre Telegram [cf., la pression exercée sur la direction de Telegram pour qu’elle ferme les canaux et les comptes utilisés par le réseau médiatique de l’Etat islamique] va vous compliquer les choses. C’est parce que tous ceux qui ont aidé [l’État islamique] hier continueront à diffuser la prédication [dans l’original: da’wa] aujourd’hui, sans que personne ne sache qui il est [cf., sans que personne ne puisse le retrouver]. Vous misez sur une équation complexe [de votre point de vue]. La version anglaise précise : “Votre campagne sur Telegram compliquera la situation. L’Ansar [cf., les partisans de l’organisation] se répandra partout [un soupçon d’activité sur d’autres plateformes]. L’objectif sera masqué (cf., les membres et les sympathisants de l’organisation seront plus confidentiels) et [la propagande] propagera l’idée en secret” (Telegram, 27 novembre 2019).
- Il convient de noter que quelques jours après la fermeture des comptes, les membres et les partisans de l’Etat islamique ont ouvert de nouveaux groupes et comptes et que le réseau de médias de l’organisation continue à fonctionner sans dommages importants.
Les versions arabe et anglaise publiées par un nouveau groupe sur Telegram
(Telegram, 27 novembre 2019)
Activités de l’Etat islamique dans le monde
Serment d’allégeance au nouveau dirigeant de l’Etat islamique
- Un partisan de l’Etat islamique a récemment publié une infographie indiquant les provinces où les membres de l’organisation ont prêté allégeance au nouveau dirigeant. Au bas de l’infographie, il est écrit : “O musulmans du monde entier, hâtez-vous de prêter allégeance à l’émir des fidèles et rassemblez-vous autour de lui” (Telegram, 20 novembre 2019). Cela peut indiquer le potentiel de promesses d’allégeance dans d’autres pays que l’organisation souhaite réaliser.
Les provinces où des membres de l’organisation ont prêté allégeance au nouveau dirigeant (Telegram, 26 novembre 2019)
Afrique
Mali
- Selon une annonce de la province d’Afrique de l’Ouest de l’Etat islamique, le 18 novembre 2019, ses membres ont tendu une embuscade à un convoi de l’armée malienne dans la région de Tabankort, à environ 100 km au Nord de la capitale maltaise à la frontière avec le Niger. Trente soldats ont été tués et 30 autres ont été blessés. En outre, des armes, des munitions et du matériel militaire ont été saisis (Telegram, 20 novembre 2019). Selon une annonce de l’armée malienne, lors d’une opération conjointe menée par les forces maliennes et nigériennes près de Tabankort, une patrouille a été attaquée par des “terroristes”. Selon cette annonce, 24 soldats ont été tués et 29 blessés. En outre, 17 jihadistes ont été tués. Une centaine de suspects ont été arrêtés par l’armée du Niger.
La région de Tabankort, près de la frontière avec le Niger, où des membres de l’Etat islamique ont attaqué un convoi de l’armée malienne (Bing Maps)
Algérie
- Selon un rapport de l’Etat islamique, le 18 novembre 2019, une force de l’armée algérienne composée de trois hélicoptères aurait capturé deux membres de l’Etat islamique dans le village de Tundarat, dans le Sud de l’Algérie (près de la frontière avec le Mali). Les membres de l’Etat islamique, qui ont refusé de se rendre, ont échangé des coups de feu avec les forces armées. Un commandant et sept soldats ont été tués. Les deux membres de l’Etat islamique ont également été tués (Telegram, 21 novembre 2019). L’armée algérienne a annoncé avoir tué deux terroristes (cf., des membres de l’Etat islamique) le 18 novembre 2019. En outre, des armes en leur possession ont été saisies (Ministère algérien de la Défense nationale, 18 novembre 2019).
Afghanistan
- Le 12 novembre 2019, les forces de sécurité afghanes, avec le soutien des forces américaines et de la coalition internationale, ont lancé une opération à grande échelle pour débarrasser la province de Nangarhar de la présence de membres de l’Etat islamique. La province, située dans l’Est de l’Afghanistan, est devenue le centre de leurs activités dans le pays. L’opération comprenait des frappes aériennes et des attaques au sol et ciblait la région montagneuse d’Achin, au Sud-Est de Jalalabad. À mesure que l’opération progressait, les membres de l’Etat islamique et leurs familles se sont rendus en masse aux forces de sécurité afghanes. Jusqu’à présent, plus de 600 membres de l’organisation et plusieurs centaines de femmes, d’enfants et de membres de la famille se seraient rendus. Un grand nombre de ceux qui se sont rendus étaient des combattants étrangers venus en Afghanistan l’année dernière pour combattre dans les rangs de l’Etat islamique.
La province de Nangarhar, où l’opération s’est déroulée, et la région montagneuse d’Achin, où a eu lieu la reddition massive de membres de l’Etat islamique et de leurs familles (Google Maps)
- Le 16 novembre 2019, le ministère afghan de la Défense a annoncé que 18 membres de l’Etat islamique s’étaient livrés aux forces afghanes dans la région d’Achin, avec 24 femmes et 31 enfants. Auparavant, le 13 novembre 2019, au moins 300 membres de l’Etat islamique, ainsi que 51 femmes et 96 enfants, se seraient rendus aux forces de sécurité afghanes dans la province de Nangarhar. Parmi les membres qui se sont rendus, figuraient des combattants étrangers de divers pays : Pakistan, Tadjikistan, Ouzbékistan, Russie, Iran (Baloutchistan) et Kurdistan. Selon le ministre afghan de la Défense, le nombre de membres de l’Etat islamique et de leurs familles qui se sont livrés au cours des deux dernières semaines (cf., même avant le début de l’opération) dépasse 615 (TOLO News; Agence Anatolia News; Khaama Press, 16 novembre 2019).
- Le 24 novembre 2019, le ministère afghan de la Défense a annoncé qu’un groupe de 22 membres de l’Etat islamique s’était rendu aux forces afghanes dans la région d’Achin et avait rendu leurs armes (Khaama Press, 24 novembre 2019). En outre, 62 membres de l’Etat islamique, dont 30 Pakistanais et deux Turcs, se seraient rendus dans la région d’Achin (Khaama Press, 26 novembre 2019). Parmi les personnes qui se sont rendues aux forces de sécurité afghanes, un groupe de dix femmes et leurs enfants originaires de l’État du Kerala, dans le Sud-Ouest de l’Inde. Selon un responsable gouvernemental à Kaboul, les membres qui se sont rendus sont contrôlés “un à un” et les résultats des contrôles seront publiés à l’issue du processus (Hindustan Times; Khaama Press, 25 novembre 2019).

Droite : Membres de l’Etat islamique qui se sont rendus aux forces afghanes dans la province de Nangarhar (Khaama Press, 24 novembre 2019). Gauche : Membres de l’Etat islamique et leurs familles qui se sont rendus aux forces de sécurité afghanes (Khaama Press, 25 novembre 2019)
Résultats de l’opération : Etat des lieux
La province de Nangarhar, en Afghanistan (environ 205 000 habitants), est aujourd’hui le centre des activités de la province de Khorasan de l’Etat islamique et fonctionne depuis quelques mois avec une intensité élevée. Certains membres de l’Etat islamique étaient des ressortissants étrangers qui avaient rejoint la province de Khorasan en 2019 et avaient été transférés à Nangarhar. Les forces de sécurité afghanes et des membres des talibans étaient les cibles des attaques de l’Etat islamique. Le principal mode opératoire de l’activité de l’Etat islamique consistait à poser des engins explosifs improvisés et des mines et à éliminer les personnes affiliées au gouvernement afghan et aux talibans.
- Le phénomène de la reddition massive par les membres de l’Etat islamique est rare, mais il s’est produit dans le passé. Les médias de l’Etat islamique, comme à leur habitude en des temps embarrassants, n’ont pas encore réagi au coup porté par l’Etat islamique en Afghanistan. Selon nous, la rivalité entre l’Etat islamique et les talibans a contribué au succès des forces de sécurité afghanes, voire au grand nombre de combattants étrangers et de leurs familles, qui ne font pas partie intégrante de la société afghane, contrairement aux talibans rivaux), qui sont fermement enracinés dans la région. Au niveau militaire, au cours des derniers mois, des talibans auraient repoussé des membres de l’Etat islamique dans la région montagneuse d’Achin, à environ 50 km au Sud de Jalalabad, réduisant ainsi la liberté de mouvement et la manœuvrabilité de ses membres dans la région de Nangarhar. La remise en masse des membres de l’Etat islamique a été rendue possible lorsque les forces de sécurité afghanes ont bloqué les voies d’approvisionnement des membres de l’Etat islamique à Nangarhar pendant l’opération. En conséquence, les membres de l’Etat islamique et leurs familles se sont retrouvés sans nourriture et ont été forcés de se rendre (Stars and Stripes, 19 novembre 2019).
Région montagneuse d’Achin où les membres de l’Etat islamique ont été repoussés
(Afghanistan Analysis Network, 25 mars 2019)
- Les dirigeants talibans n’ont pas caché leur satisfaction face au coup porté à l’Etat islamique à Nangarhar. Ils ont décrit la défaite de l’Etat islamique à la suite d’une vaste campagne lancée par les talibans en septembre 2019 (VOA, 21 novembre 2019). Les experts estiment que la défaite des membres de l’Etat islamique dans la province de Nangarhar a renforcé le statut des talibans en Afghanistan, en particulier dans la perspective des négociations enlisées entre les talibans et les États-Unis concernant l’avenir du pays et le statut des talibans dans ce pays ( One American News Network, 17 novembre 2019).
Selon des responsables du gouvernement américain, après “des mois de combats” qui ont abouti à la reddition massive de combattants de l’Etat islamique au cours des deux dernières semaines, la province de Khorasan de l’Etat islamique s’est effectivement effondrée. Le président afghan Ashraf Ghani a même déclaré dans un discours à Jalalabad le 19 novembre 2019 que “nous avons effacé la [province] de l’Etat islamique [locale]” (VOA, 21 novembre 2019). Selon nous, il est encore trop tôt pour célébrer l’élimination de la province du Khorasan de l’Etat islamique. En effet, l’organisation a déjà démontré sa capacité à se réhabiliter même après les coups durs qu’elle a subis (en Syrie et en Irak par exemple) et à reprendre ses activités après une période de réhabilitation et de reconstruction tout en tirant des enseignements et en modifiant ses modes de fonctionnement.
Asie de l’Est
Indonésie
Des membres de la province de l’Etat islamique d’Asie de l’Est se sont engagés à prêter allégeance au nouveau calife de l’organisation (Telegram, 23 novembre 2019)
Philippines
- Des membres de l’Etat islamique ont tiré sur des soldats de l’armée philippine au Nord de l’île de Jolo, au Sud du pays. Sept soldats ont été tués (Telegram, 23 novembre 2019).