Nouvelles du terrorisme et du conflit israélo-palestinien (17 septembre – 3 octobre 2018)

Les habitants de Gaza lors de la

Les habitants de Gaza lors de la "marche du retour" dans l'Est de la bande de Gaza le 28 septembre 2018 (Compte Twitter Palinfo, 1er octobre 2018)

Des manifestants bloquent le passage du véhicule du garde du corps du directeur de l'UNRWA dans la bande de Gaza (Shams News, 1er octobre 2018)

Des manifestants bloquent le passage du véhicule du garde du corps du directeur de l'UNRWA dans la bande de Gaza (Shams News, 1er octobre 2018)

Des manifestants bloquent le passage du véhicule du garde du corps du directeur de l'UNRWA dans la bande de Gaza (Shams News, 1er octobre 2018)

Des manifestants bloquent le passage du véhicule du garde du corps du directeur de l'UNRWA dans la bande de Gaza (Shams News, 1er octobre 2018)

Le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah (au centre) et le ministre du Trésor palestinien, Shukri Bishara (à gauche) lors d'une réunion du Comité de liaison ad hoc (AHLC) au siège de l'ONU (Wafa, 28 septembre 2018)

Le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah (au centre) et le ministre du Trésor palestinien, Shukri Bishara (à gauche) lors d'une réunion du Comité de liaison ad hoc (AHLC) au siège de l'ONU (Wafa, 28 septembre 2018)

Certains membres de la délégation du Hamas au Caire (compte Twitter de l'agence al-Ra'i, créée par l'administration de facto du Hamas, 1er octobre 2018)

Certains membres de la délégation du Hamas au Caire (compte Twitter de l'agence al-Ra'i, créée par l'administration de facto du Hamas, 1er octobre 2018)

Ziyad al-Nakhalah, surnommé

Ziyad al-Nakhalah, surnommé "le secrétaire général élu", au centre de la bannière accrochée derrière Da'ud Shehab lorsque les résultats des élections ont été annoncés. Le titre précise : "Vers Jérusalem… respectant la promesse… fidèle à l'obligation” (al-Istaqlal, 28 septembre 2018)

Conférence de presse de Da'ud Shehab (Paltoday, 28 septembre 2018)

Conférence de presse de Da'ud Shehab (Paltoday, 28 septembre 2018)

  • La tendance à l’escalade se poursuit dans la bande de Gaza, avec une augmentation de la fréquence des émeutes et des événements de propagande et du niveau de la violence qui les accompagne. Cela a accru les frictions entre les émeutiers et les soldats de Tsahal, entraînant une augmentation du nombre de victimes palestiniennes. Apparemment, la situation sur le terrain a été influencée par un sentiment de frustration face à l’absence de progrès dans les tentatives de parvenir à un accord de réconciliation, ce qui est susceptible d’entraîner une nouvelle vague d’escalade.
  • La situation humanitaire dans la bande de Gaza continue de se détériorer. Les employés de l’UNRWA ont annoncé une grève et des sources internes à l’agence tentent de lever des fonds pour réduire le déficit budgétaire causé par la réduction de la contribution des États-Unis.
  • Devant l’Assemblée générale des Nations Unies, Mahmoud Abbas a déclaré qu’il était attaché à la voie de la paix et qu’il était opposé à la violence et au terrorisme. Il a affirmé que les Palestiniens ne s’étaient jamais opposés aux négociations. Il a également de nouveau justifié les fonds versés par l’Autorité palestinienne aux familles des chahids et des prisonniers, en se référant aux lois israéliennes et à l’opposition de l’administration américaine à ces paiements.
  • Lors des élections internes au Jihad Islamique Palestinien (JIP), Ziyad al-Nakhalah a été choisi comme nouveau secrétaire général de l’organisation. Il remplace Ramadan Shalah, qui était dans le coma depuis avril et qui est hospitalisé au Liban.
Escalade le long de la frontière entre Israël et la bande de Gaza [1]
  • Comme chaque vendredi depuis le mois de Mars, des “marches du retour” ont eu lieu le long de la frontière avec la bande de Gaza. Les 21 et 28 septembre, un nombre relativement important de Gazaouites ont participé (environ 20 000). Ils se sont réunis à plusieurs endroits “traditionnels” et nouveaux le long de la barrière de sécurité et ont organisé des émeutes particulièrement violentes. Ils ont incendié des pneus, lancé des pierres et des bombes artisanales et des grenades contre les forces de Tsahal et ont franchi la barrière frontalière à plusieurs endroits. Il y a eu également une augmentation du nombre de cerfs-volants et de ballons incendiaires lancés en territoire israélien, y compris certains munis d’engins explosifs. Environ 70 incendies ont éclaté dans le Néguev occidental. Un ballon incendiaire lancé depuis la bande de Gaza a atteint Kiryat Gat (à environ 20 kilomètres de la bande de Gaza).
  • Au cours des émeutes, huit habitants de Gaza ont été tués et plusieurs centaines ont été blessés. Comme d’habitude, de hautes personnalités du Hamas ont assisté aux “marches” et ont encouragé les participants à poursuivre les événements et à les développer. En réponse au nombre relativement important de Gazaouites tués, le Hamas a publié une déclaration accusant Israël d’utiliser des tirs de mortier, des obus de chars et des balles réelles. Selon le communiqué, toutes les mesures utilisées par Israël pour empêcher les manifestations ne feront que renforcer le peuple palestinien, qui poursuivra les “marches” et en élargira la portée. Des responsables du JIP ont déclaré que l’organisation ne resterait pas silencieuse face aux sept Gazaouites tués lors de la “marche de retour” et aux [nombreux] blessés du 28 septembre 2018, et déciderait quand et comment exercer des représailles (al-Manar, 1er octobre 2018).
  • Pendant les jours qui ont séparé les “marches”, des milliers de Gazaouis se sont soulevés le long de la frontière. Certains événements ont été organisés la nuit par l’unité du Hamas appelée “l’Unité de harcèlement nocturne”. Des émeutiers ont lancé des grenades et des engins piégés sur les forces de Tsahal. Le niveau élevé de violence a entraîné à son tour un grand nombre de victimes à Gaza.
  • Dans l’après-midi du 2 octobre 2018, en réponse à un appel de “l’autorité nationale de la marche du retour”, plusieurs centaines de Gazaouites se sont rassemblés près de la frontière, principalement dans la région de Beit Hanoun au Nord de la bande de Gaza (Shabakat Quds, 2 octobre 2018). Ils ont lancé des pierres et des grenades et tiré des feux d’artifice sur les forces de Tsahal. Plusieurs ont tenté de franchir la barrière de sécurité en direction d’Israël. Ils ont tenté de mettre le feu à un poste israélien, ont suspendu des drapeaux palestiniens à la clôture et sont rentrés dans la bande de Gaza. Les ballons incendiaires ont provoqué quatre incendies. Un ballon incendiaire a été retrouvé à un carrefour dans le Néguev occidental; la route a ensuite été fermée à la circulation.
  • Selon les témoignages, le slogan de la “marche du retour” du 5 octobre 2018 sera “Persévérance et fermeté” (Filastin al-Yawm, 28 septembre 2018). Des appels ont été entendus dans toute la bande de Gaza pour que le grand public se mobilise et participe aux événements (compte Twitter Shehab, 2 octobre 2018).

 Une affiche publiée par "l'autorité nationale de la marche du retour" appelle le public à participer aux "marches du retour" du vendredi 5 octobre 2018. Leur slogan est "le vendredi de la persévérance et de fermeté" (Page Facebook de l'autorité nationale de la marche du retour, 2 octobre 2018)
 Une affiche publiée par “l’autorité nationale de la marche du retour” appelle le public à participer aux “marches du retour” du vendredi 5 octobre 2018. Leur slogan est “le vendredi de la persévérance et de fermeté” (Page Facebook de l’autorité nationale de la marche du retour, 2 octobre 2018)

Tirs de roquettes et d’obus de mortier
  • La semaine dernière, aucune roquette n’a été identifiée en territoire israélien.
Tirs de roquettes et d’obus de mortier des dernières séries d’escalade[2]

Tirs de roquettes et d'obus de mortier des dernières séries d'escalade
Les nombres des mois de Mai-Juin-Juillet 2018 montrent le nombre minimal de roquettes et d’obus de mortier. Nous ne pouvons pas faire la distinction entre les roquettes et les obus de mortier.

Tirs de roquettes et d’obus de mortier de l’année écoulée

Tirs de roquettes et d'obus de mortier de l'année écoulée

Répartition annuelle des tirs

Répartition annuelle des tirs

Attaques et tentatives d’attaques
  • Le 18 septembre 2018, à la veille de Kippour, un Palestinien armé d’un couteau est arrivé porte de Naplouse, dans la vieille ville de Jérusalem, où se trouvait une foule de fidèles juifs. Il s’est approché de l’un d’eux et a essayé de le poignarder en le jetant à terre. Il a couru vers un groupe de gardes-frontières et a tenté de poignarder l’un d’entre eux. Il a été abattu. Les médias palestiniens ont annoncé que le terroriste était Muhammad Yusuf Sha’aban Alian, 26 ans, du camp de réfugiés de Qalandia au Nord de Jérusalem (Compte Twitter Palinfo, 18 septembre 2018).

Muhammad Yusuf Sha'aban Alian, qui a tenté d'effectuer une attaque à l'arme blanche à Jérusalem (Compte Twitter Palinfo, 18 septembre 2018)
Muhammad Yusuf Sha’aban Alian, qui a tenté d’effectuer une attaque à l’arme blanche à Jérusalem (Compte Twitter Palinfo, 18 septembre 2018)

Evénements sur le terrain
  • Les jets de pierres sur des véhicules israéliens se sont poursuivis et se sont intensifiés dans toute la Judée-Samarie. Les forces de sécurité israéliennes ont poursuivi leurs activités antiterroristes en arrêtant des Palestiniens soupçonnés d’activités terroristes et en saisissant des fonds utilisés pour financer des activités terroristes, ainsi que des armes classiques et improvisées. Les événements les plus marquants sont les suivants :
    • Le 29 septembre 2018 – Des coups de feu sont tirés sur un poste de Tsahal près du camp de réfugiés de Jalazone (près de Ramallah). Aucune victime ou dommage n’a été signalé. Après la fusillade, plusieurs dizaines de Palestiniens se sont rassemblés et ont jeté des pierres sur les forces de Tsahal à la recherche des tireurs (Page Facebook Red Alert, 29 septembre 2018).
    • Le 27 septembre 2018 – Trois ballons incendiaires ont été vus dans le ciel au-dessus de la localité d’Ein Tsurim dans le Gush Etzion. Deux d’entre eux ont explosé dans les airs et le troisième a atterri dans la localité mais n’a pas causé de dégâts (Page Facebook Red Alert, 27 septembre 2018).
    • Le 27 septembre 2018 – Lors de l’entrée de fidèles juifs au Tombeau de Joseph à Naplouse, des Palestiniens se sont révoltés et ont jeté des pierres et des cocktails Molotov sur les forces de sécurité israéliennes sécurisant les fidèles (Page Facebook Red Alert, 27 septembre 2018).
    • Le 26 septembre 2018 – Un engin piégé a été lancé depuis une voiture en marche sur les forces de sécurité israéliennes près du camp de réfugiés de Jalazone (près de Ramallah). Les soldats ont riposté en tirant sur le véhicule. Aucune victime ni dommage n’a été signalé (Page Facebook de Red Alert, 26 septembre 2018).
    • Le 16 septembre 2018 – Un véhicule militaire transportant des soldats est entré par erreur dans le camp de réfugiés de Qalandia. Une foule de Palestiniens se sont rassemblés, jetant des pierres et d’autres objets. Trois soldats ont été légèrement blessés. Les forces de sécurité israéliennes sont entrées dans le camp de réfugiés et ont extrait le véhicule et ses passagers.
Principales attaques de l’année écoulée en Judée-Samarie [3]

Principales attaques de l'année écoulée en Judée-Samarie

Prévention de tentatives de membres du Hamas de la bande de Gaza de mener des attaques en Judée-Samarie
  • Des actes d’accusation ont été déposés à l’encontre de deux membres d’une cellule du Hamas de l’Université de Bir Zeit. Selon l’acte d’accusation, en 2015, un membre de la branche armée du Hamas dans la bande de Gaza a formé un réseau terroriste en Judée-Samarie ayant pour objectif de recruter des terroristes en Judée-Samarie et en Israël pour mener à bien attaques terroristes visant Israël. Un effort particulier a été fait pour recruter des étudiants en ingénierie et en technologie. Le plan a été révélé par la détention des deux étudiants, qui ont révélé lors d’un interrogatoire qu’ils avaient été recrutés sur Facebook par des terroristes du Hamas dans la bande de Gaza. Ils ont reçu une formation militaire et aidé au transfert de fonds pour des activités terroristes. Ils ont également reçu l’ordre de mener une attaque. L’agression a été empêchée par leur détention rapide (Agence de sécurité israélienne, 3 octobre 2018).
Démantèlement d’une cellule terroriste à Jérusalem Est
  • Les forces de sécurité israéliennes ont arrêté un groupe de jeunes Palestiniens de Jérusalem-Est qui étaient derrière les émeutes sur le Mont du Temple le 27 juillet 2018. Quatre policiers israéliens ont été blessés lors des émeutes et l’enceinte du Mont du Temple a été fermée pendant plusieurs heures. Le groupe était dirigé par deux membres du Hamas détenteurs de cartes d’identité israéliennes. L’un d’entre eux avait été incarcéré en Israël pour avoir participé à une attaque à l’arme blanche. Le père de l’autre a lancé une attaque à Jérusalem le 9 octobre 2016, tuant deux Israéliens, dont un policier. Les deux agents ont recruté d’autres personnes et leur ont donné de l’argent pour acheter des feux d’artifice. Les feux d’artifice ont ensuite été passés en contrebande dans l’enceinte du mont du Temple et utilisés pour attaquer les forces de sécurité israéliennes (Agence de sécurité israélienne, 20 septembre 2018).
Pénurie de médicaments dans les hôpitaux
  • Un haut responsable du ministère de la santé de la bande de Gaza a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a mis en garde contre une grave pénurie de médicaments. Il a ajouté que la pénurie rendait difficile la fourniture de services médicaux à la population de la bande de Gaza, en particulier aux blessés et aux personnes souffrant de maladies chroniques (Compte Twitter d’Ashraf al-Qidra, 30 septembre 2018).
Grève des employés de l’UNRWA
  • Le 1er octobre 2018, le syndicat des employés de l’UNRWA s’est mis en grève pour protester contre les coupes budgétaires et contre l’intention de l’agence de licencier des centaines d’employés. Les réductions font partie de la tentative de l’UNRWA de réduire son déficit budgétaire à la suite des réductions de l’aide américaine à l’agence. Les employés ont manifesté à plusieurs endroits dans la bande de Gaza, notamment face au siège de l’UNRWA et à un hôtel situé dans l’Ouest de la ville de Gaza, où des responsables de l’organisation étaient réunis (Al-Quds, 24 septembre 2018). À la suite de la grève, environ 250 000 étudiants ne seraient pas allés à l’école et les centres médicaux et de services exploités par l’agence auraient été fermés (alresala.net, 2 octobre 2018).
  • À la suite de la grève, l’UNRWA a décidé d’évacuer dix de ses employés internationaux de la bande de Gaza. Ils ont quitté la bande de Gaza par le terminal d’Erez pour entrer en Israël (malgré le fait qu’il soit fermé pour les fêtes). La décision a été prise après que des manifestants ont empêché les travailleurs d’entrer dans leurs bureaux et les ont menacés (The Daily Star, 1er octobre 2018). Selon le porte-parole de l’organisation, Sami Mushasha (qui vit et travaille à Jérusalem), l’UNRWA a décidé de retirer temporairement une partie de son personnel international de Gaza à la suite d’une série d’incidents de sécurité inquiétants affectant son personnel dans la bande de Gaza. Matthias Schmale, directeur des opérations et [quelques membres du] personnel international resteront, et les activités de l’UNRWA se poursuivront (Site Internet de l’UNRWA, 1er octobre 2018).
  • Iyad al-Bazam, porte-parole du ministère de l’Intérieur de la bande de Gaza, a déclaré que le ministère de l’Intérieur était résolu à protéger les institutions de l’UNRWA ainsi que ses employés étrangers et locaux. Il a ajouté que les mesures de sécurité n’avaient pas été modifiées et que les manifestations ne seraient pas autorisées à se transformer en attaques contre des travailleurs ou des installations (Reuters en arabe, 1er octobre 2018).
Des manifestants bloquent le passage du véhicule du garde du corps du directeur de l'UNRWA dans la bande de Gaza (Shams News, 1er octobre 2018)   Des manifestants bloquent le passage du véhicule du garde du corps du directeur de l'UNRWA dans la bande de Gaza (Shams News, 1er octobre 2018)
Des manifestants bloquent le passage du véhicule du garde du corps du directeur de l’UNRWA dans la bande de Gaza (Shams News, 1er octobre 2018)
Tentatives de collecter des fonds pour l’UNRWA
  • En marge de l’Assemblée générale, divers forums se sont réunis pour recueillir des contributions pour les Palestiniens, notamment une réunion des pays donateurs de l’UNRWA, tenue à la demande de la Jordanie le 27 septembre 2018. Lors de la réunion, l’UE, les Etats du Golfe, la Turquie, le Japon et d’autres pays ont annoncé le versement de fonds à l’agence dans le cadre des efforts visant à réduire le déficit résultant des coupes budgétaires américaines (Maariv, 27 septembre 2018). Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies, a déclaré que l’UNRWA avait levé 122 millions de dollars d’aide. Le ministre jordanien des Affaires étrangères a déclaré qu’après la promesse de dons, le déficit de l’UNRWA s’élevait à 68 millions de dollars. Cinquante millions de dollars ont également été donnés lors de la réunion pour acheter du carburant et améliorer le système d’alimentation en eau de la bande de Gaza (Site Internet des Emirats Arabes Unis, 28 septembre 2018).
  •  À la veille de la réunion, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont publié des rapports sur la situation économique de la Judée-Samarie et de la bande de Gaza. Selon les rapports, la réduction des fonds résultant des transferts de l’Autorité Palestinienne à la bande de Gaza a entraîné une stagnation de l’économie de Gaza. Les rapports indiquent également qu’en 2017, 53% de la population de Gaza vivaient sous le seuil de pauvreté et que 79% de la population de Gaza comptaient sur un soutien extérieur, en baisse depuis quelques années (alresala.net, 25 septembre 2018).
Poursuite des tentatives de parvenir à un accord
  • Parallèlement aux pourparlers avec le Fatah, l’Égypte continue de travailler avec le Hamas en vue de parvenir à un accord dans la bande de Gaza avant de parachever la réconciliation palestinienne interne. Le 22 septembre 2018, une délégation des services de renseignements égyptiens s’est rendue dans la bande de Gaza (Shehab, 22 septembre 2018). La délégation a rencontré les dirigeants du Hamas pour discuter de l’arrangement et tenter d’empêcher que la situation ne se détériore. Les représentants du Hamas ont souligné qu’ils n’étaient pas intéressés par une escalade et ont appelé toutes les parties à œuvrer pour lever le “siège” de la bande de Gaza (Filastin al-Yawm, 22 septembre 2018). Selon des “sources dans la bande de Gaza”, la délégation égyptienne aurait tenté de réduire l’intensité des “marches du retour” et des activités de “l’Unité de harcèlement nocturne” (al-Araby al-Jadeed, 22 septembre 2018).
  •  Le 29 septembre 2018, une importante délégation du Hamas conduite par Saleh al-Arouri, directeur adjoint du bureau politique du Hamas, est arrivée au Caire. Selon un site Internet du Hamas, la délégation a tenu une longue réunion avec des membres des services de renseignements généraux égyptiens, la première d’une série de réunions à venir. Husam Badran, directeur du ministère des Relations internationales du Hamas, a déclaré que la levée du “siège” de la bande de Gaza était une mission nationale urgente qui ne pouvait être ni retardée ni prolongée. Le Hamas, a-t-il dit, travaille à une accalmie basée sur la confirmation du cessez-le-feu de 2014 [la fin de l’opération Barrière protectrice], avec la pleine coopération de “tous les secteurs de la population palestinienne” (Site Internet du Hamas, 30 septembre 2018).
  • A propos de “l’accalmie” [avec Israël], le porte-parole du Hamas Taher al-Nunu a déclaré que la “résistance” [cf., les organisations terroristes] n’était pas désespérée de parvenir à une accalmie et qu’il était possible de revenir aux accords de 2014 si toutes les demandes du Hamas étaient satisfaites concernant la levée du “siège”. Il a ajouté que les efforts pour parvenir à une accalmie n’avaient pas pris fin, alors qu’ils semblaient l’avoir été, et qu’ils restaient loin des yeux des médias, du fait que de nombreuses personnes essaient de déformer les faits et affirment que le Hamas renonce face à Israël (Télévision palestinienne, 20 septembre 2018). De son côté, le porte-parole du Hamas, Sami Abu Zuhri, a annoncé que les négociations indirectes avec Israël avaient été suspendues, ce qu’il a reproché à Israël (al-Arabiya al-Hadath, 23 septembre 2018).
Nouveau secrétaire général du JIP
  • Le 28 septembre 2018, le porte-parole du JIP, Daoud Chehab, a organisé une conférence de presse dans le “camp de retour” dans l’Est de la ville de Gaza, où il a annoncé l’élection de Ziyad Rashid al-Nakhalah (Abu Tareq) au poste de secrétaire général du JIP. Al-Nakhalah remplacera Ramadan Abdallah Shalah, qui est malade et ne peut plus pourvoir le poste. Les noms de neuf membres du bureau politique de l’organisation, dont Muhammad al-Hindi, Anwar Abu Taha et Khaled al-Batash, ont également été annoncés. Shehab a souligné que d’autres personnes avaient été élues dans “d’autres arènes du jihad, telles que la Cisjordanie, les territoires de 1948 et les prisons” et que leurs noms n’avaient pas été révélés pour des raisons de sécurité.
  • En ce qui concerne le processus électoral, Shehab a déclaré que les élections internes avaient commencé il y a plus d’un an, sous la supervision et la direction de Ramadan Shalah. Les procédures et les listes ont été autorisées, et des comités électoraux centraux et secondaires ont été nommés. Il a également déclaré que les élections avaient eu lieu dans tous les secteurs en même temps et que 99,3% des personnes ayant le droit de voter avaient participé (Paltoday, 28 septembre 2018).
  • Ziyad al-Nakhalah, qui vit aujourd’hui au Liban, est née dans la bande de Gaza en 1953 et a grandi à Khan Yunis. Il est marié et père de six enfants (deux fils et quatre filles). En 1971, il a été arrêté par Israël pour la première fois et condamné à la réclusion à perpétuité. Après 14 ans de prison, il a été libéré dans le cadre de “l’accord Jibril”. Après sa libération, il a été élu au premier conseil de la Shura du JIP, et Fathi Shqaqi, secrétaire général du JIP, l’a délégué à la création d’une branche militaire. Il a de nouveau été arrêté en 1988 pour avoir déclenché la première Intifada et a été expulsé vers le Sud du Liban, où il a gravi les échelons de l’organisation. En plus de ses activités militaro-terroristes, il a été nommé représentant du JIP au Liban. Après l’assassinat d’al-Shqaqi en 1995, le Conseil de la choura a élu al-Nakhalah au poste de secrétaire général adjoint. Il faisait partie de la direction militaire limitée dirigée par Ramadan Shalah (al-Istaqlal, 28 septembre 2018).

Ziyad al-Nakhalah, surnommé "le secrétaire général élu", au centre de la bannière accrochée derrière Da'ud Shehab lorsque les résultats des élections ont été annoncés. Le titre précise : "Vers Jérusalem… respectant la promesse… fidèle à l'obligation” (al-Istaqlal, 28 septembre 2018)
Ziyad al-Nakhalah, surnommé “le secrétaire général élu”, au centre de la bannière accrochée derrière Da’ud Shehab lorsque les résultats des élections ont été annoncés. Le titre précise : “Vers Jérusalem… respectant la promesse… fidèle à l’obligation” (al-Istaqlal, 28 septembre 2018)

Discours de Mahmoud Abbas
  • Le 27 septembre 2018, Mahmoud Abbas a prononcé un discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies. Il a évoqué diverses questions, parmi lesquelles la réunion du Conseil national palestinien tenue il y a plusieurs mois, “l’agression”, la loi nationale israélienne, la réconciliation interne palestinienne et les rapports avec l’administration américaine. Il a exprimé son engagement à la voie de la paix et son opposition à la violence et au terrorisme, affirmant que les Palestiniens ne s’opposeraient jamais aux négociations. Il a également répété qu’il justifiait le transfert de fonds de l’Autorité Palestinienne aux familles des chahids et des prisonniers, citant les lois israélienne et américaine qui s’opposent aux paiements.
La salle de l'Assemblée générale pendant son discours (Page Facebook de Mahmoud Abbas, 27 septembre 2018)   Mahmoud Abbas à l'Assemblée générale des Nations Unies.
Droite : Mahmoud Abbas à l’Assemblée générale des Nations Unies. Gauche : La salle de l’Assemblée générale pendant son discours (Page Facebook de Mahmoud Abbas, 27 septembre 2018)
  •  Les points principaux du discours étaient les suivants (Al-Jazeera, 27 septembre 2018):
    • Jérusalem : Mahmoud Abbas a déclaré que Jérusalem ne pouvait pas être vendue et s’est opposé à toute solution ne prévoyant pas Jérusalem-Est comme capitale [de la Palestine].
    • Relations avec les Etats-Unis : Mahmoud Abbas a affirmé qu’au début de la cadence de Trump, l’Autorité Palestinienne avait coopéré avec l’administration américaine, mais qu’à sa grande surprise, l’administration avait pris des décisions contraires au processus de paix, ne respectant pas les engagements pris par les administrations précédentes et détruisant la solution à deux Etats. Il a appelé le Président des États-Unis à annuler ses décisions concernant Jérusalem, les réfugiés et les colonies de peuplement.
    • Relations AP-Israël : Mahmoud Abbas a dénoncé la politique d’Israël, en particulier la loi nationale, qu’il a qualifiée de raciste et qui franchit toutes les lignes rouges, et qui conduira à la création d’un État d’apartheid et à la destruction de la solution à deux États. Il a déclaré qu’au cours de l’année écoulée, le Conseil national palestinien s’était réuni et avait renouvelé la légitimité des institutions nationales du peuple palestinien en élisant un nouveau conseil dirigeant de l’OLP. Le Conseil a voté en faveur d’un réexamen de l’accord politique, économique et de sécurité signé avec le gouvernement israélien et d’un appel à la CPI pour qu’il examine les violations des accords par Israël.
    • Le Hamas et bande de Gaza : Mahmoud Abbas a menacé d’imposer des sanctions supplémentaires à la bande de Gaza, affirmant que si le Hamas ne remplissait pas les conditions des accords de réconciliation, l’Autorité Palestinienne n’accepterait pas la responsabilité de la bande de Gaza.
  • À la suite de ce discours, le gouvernement palestinien a appelé la communauté internationale et tous les pays amis de l’AP à accepter le discours comme document et source d’autorité politique pour relancer le processus de paix (Télévision palestinienne, 28 septembre 2018).
  • Des sources au sein du Hamas et d’autres organisations ont critiqué le discours, le qualifiant de preuve de l’échec de la politique de Mahmoud Abbas. Ils ont particulièrement critiqué les menaces de Mahmoud Abbas d’imposer des sanctions supplémentaires à la bande de Gaza. Khalil al-Haya, membre du bureau politique du Hamas, a déclaré que si de nouvelles sanctions étaient imposées, les organisations et le peuple palestiniens réagiraient (Felesteen, 22 septembre 2018). Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a déclaré que les menaces de Mahmoud Abbas avaient transcendé toutes les lignes idéologiques et morales et prouvaient les relations étroites existant entre l’Autorité Palestinienne et Israël, dont l’objectif était de nuire au peuple palestinien (alresala.net, 22 septembre 2018).
Des manifestants à Rafah brûlent des photos de Mahmoud Abbas (Compte Twitter Palinfo, 27 septembre 2018)    Manifestations dans la bande de Gaza lors du discours de Mahmoud Abbas à l'ONU. Droite : Des manifestants avec des photos du ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de Mahmoud Abbas et du Premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, précisant en anglais et en arabe : "criminels".
Manifestations dans la bande de Gaza lors du discours de Mahmoud Abbas à l’ONU. Droite : Des manifestants avec des photos du ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de Mahmoud Abbas et du Premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, précisant en anglais et en arabe : “criminels”. Gauche : Des manifestants à Rafah brûlent des photos de Mahmoud Abbas (Compte Twitter Palinfo, 27 septembre 2018)

 Caricature du Hamas critiquant Mahmoud Abbas. "Mahmoud Abbas promet de nouvelles sanctions pour Gaza" (Compte Twitter Palinfo, 27 septembre 2018)
 Caricature du Hamas critiquant Mahmoud Abbas. “Mahmoud Abbas promet de nouvelles sanctions pour Gaza” (Compte Twitter Palinfo, 27 septembre 2018)

Rencontre entre Abbas et Ahed Tamimi
  • Avant de se rendre à New York, Mahmoud Abbas a effectué des visites d’État dans des pays européens, notamment en France et en Irlande. En France, il a rencontré Ahed Tamimi et sa famille, qui effectuaient une tournée en Europe. Mahmoud Abbas lui aurait dit que “la résistance populaire pacifique” était l’arme la plus efficace pour traiter avec Israël et exposer sa conduite au monde (Wafa, 22 octobre 2018).
Appel de l’AP à la CPI
  • L’AP a fait appel à la CIJ pour un arbitrage concernant le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem, alléguant qu’il s’agissait d’une violation du droit international. Selon le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyadh al-Maliki, l’AP a demandé à la CIJ d’inviter les États-Unis à quitter leur ambassade de Jérusalem et d’empêcher les États-Unis de la réinstaller à l’avenir. Dans une interview, Muhammad Ashtiya, membre du Comité central du Fatah, a déclaré que l’appel de la Palestine reposait sur le fait que, en transférant l’ambassade à Jérusalem, le Président des États-Unis avait reconnu Jérusalem comme la capitale du peuple juif, soutenant ainsi le récit juif par opposition au récit chrétien et musulman (Télévision palestinienne, 1er octobre 2018).

[1] A ce sujet, voir notre article du 3 octobre 2018 (en anglais) intitulé "Summary of Recent Escalation Along the Gaza Strip Border", à l'adresse https://www.terrorism-info.org.il/en/summary-recent-escalation-along-gaza-strip-border/
[2] Les statistiques ne comprennent pas les tirs de roquettes dans la bande de Gaza .

[3] Les principales attaques comprennent des fusillades, des attaques à l'arme blanche, des attaques à la voiture bélier et des poses d'engins piégés. Les tirs de pierres et de cocktails Molotov ne sont pas compris.