Aperçu général
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L'arène internationale : Etats-Unis, Russie et Turquie
Etats-Unis
- Durant la semaine écoulée, les forces de la coalition dirigées par les Etats-Unis ont effectué de nombreuses frappes aériennes en Syrie et en Irak. La plupart des frappes aériennes ont visé la région d'Al-Raqqah en Syrie et la région de Mossoul en Irak. Le porte-parole de la coalition a déclaré que les pays de coalition avaient également commencé à étendre leur soutien aérien à l'armée turque dans la région d'Al-Bab (Anatolie, 22 janvier 2017). En outre, des avions américains ont effectué des attaques aériennes près de la ville de Syrte en Libye (voir ci-dessous).
- Le Pentagone a rapporté que des avions sans pilote et des avions américains ont attaqué un camp d'Al-Qaida dans la région d'Idlib, dans le Nord-Ouest de la Syrie. Selon le Pentagone, plus d'une centaine de membres d'Al-Qaïda ont été tués. Les Américains ont annoncé que le camp d'entraînement baptisé Al-Sheikh Suleiman était opérationnel depuis 2013 (Site Internet du Département des États-Unis, 22 janvier 2017).
- Le porte-parole du Pentagone, Peter Cook, a déclaré que deux hauts responsables d'Al-Qaïda avaient été tués en Syrie (Site Internet du Département d'État américain, 19 janvier 2017) :
- Abd al-Jalil al-Muslimi, un des commandants d'Al-Qaida en Syrie, a été tué dans un raid aérien des États-Unis près d'Idlib le 12 janvier 2017. Al-Muslimi avait été formé par les talibans à la fin des années 1990.
- Muhammad Habib Bousaadoun al-Tunisi, haut responsable d'Al-Qaïda chargé des opérations en dehors de la Syrie, a été tué dans un autre raid le 17 janvier 2017. Muhammad Habib Bousaadoun, de nationalité tunisienne, est arrivé en Syrie en 2014 après avoir séjourné plusieurs années en Europe et au Moyen-Orient.
Russie
- Le ministre russe de la Défense a rapporté que la semaine dernière, des bombardiers de type Tu-22M3, qui ont décollé d'une base de l'armée de l'air russe en Russie, ont attaqué des installations de l'Etat islamique à Deir ez-Zor. Parmi les cibles attaquées figuraient des dépôts d'armes, des véhicules et des activistes (TASS, 21 janvier 2017). Le ministère russe de la Défense a également rapporté que pour la première fois, des avions de combat russes et des avions turcs ont attaqué des cibles de l'organisation à la périphérie de la ville d'Al-Bab, au Nord d'Alep. Des raids aériens auraient été effectués par trois avions russes et quatre avions turcs (RT, Spoutnik, 23 janvier 2017).
- Le ministère russe de la Défense a signalé que le centre de coordination de Hmeymim a reçu les coordonnées des cibles de l'Etat islamique à Al-Bab du quartier général de la coalition menée par les Etats-Unis. Le porte-parole du Pentagone a souligné que le Département de la Défense n'effectue pas de frappes aériennes en Syrie en collaboration avec la Russie, et que la coordination se concentre uniquement sur la sécurité des équipages aériens et sur les collisions pendant les opérations militaires des deux pays (Military Times, 23 janvier 2017).
- En parallèle à son activité militaire en Syrie, le ministère russe de la Défense a affirmé que la réduction de ses forces en Syrie se poursuit, selon les directives du Président russe Vladimir Poutine. Dans le cadre de ce processus, une unité médicale militaire a quitté la base de Hmeymim et est retournée en Russie (Spoutnik, 19 janvier 2017).
Principaux développements en Syrie
Le cessez-le-feu
- L'accord de cessez-le-feu annoncé par l'armée syrienne le 30 décembre 2016 est toujours en vigueur dans la plus grande partie de la Syrie. Cependant, dans plusieurs régions, principalement dans la région de Wadi Barada, au Nord-Ouest de Damas, les combats ont continué. Des affrontements ont également opposé les forces du régime syrien à l'Etat islamique dans la région de Deir ez-Zor, dans l'Est de la Syrie. A ce sujet, un officier russe haut gradé a déclaré que la Russie était préoccupée par les violations du cessez-le-feu et a demandé aux dirigeants syriens de travailler à l'application intégrale du cessez-le-feu (Spoutnik, 23 janvier 2017).
- Le 23 janvier 2017, des pourparlers pour le règlement de la question syrienne ont débuté dans la ville d'Astana, au Kazakhstan. Des délégations et des représentants de la Syrie (au nom du régime, des organisations d'opposition, et une délégation kurde), de la Russie, de la Turquie et d'Iran ont pris part aux pourparlers. Le Département d'État américain a annoncé qu'il n'enverrait pas de représentant en raison de la période de transition après la prise de fonction du nouveau Président. Les États-Unis étaient représentés par l'ambassadeur des États-Unis au Kazakhstan (Daily Sabah, 21 janvier 2017). Le Front Fatah al-Sham a annoncé qu'il ne participerait pas à la conférence. Selon un communiqué, le Front rejette la conférence et ses objectifs. Comme l'indique la déclaration, personne ni aucun groupe n'a le droit de négocier le sort de la Syrie et de ses habitants sans la participation de tous les partis de la révolution et des éléments actifs du jihad (Ayyam Suriya, 22 janvier 2017).
- Au terme de trois jours de discussions, la mise en place d'un organe comprenant des représentants turcs, russes et iraniens chargé de superviser la mise en œuvre du cessez-le-feu a été annoncée. En outre, les trois pays se sont engagés à lutter ensemble contre l'Etat islamique et le Front Fatah al-Sham (Al-Arabiya, 24 janvier 2017).
La région de Wadi Barada
- Les combats dans la région de Wadi Barada se poursuivent. Des représentants de l'ONU et du Comité de réconciliation nationale de Wadi Barada ont tenté de conclure un (troisième) accord de cessez-le-feu. Le 19 janvier 2017, un accord aurait été signé pour une période de 48 heures comprenant la cessation de l'activité militaire dans la région, le départ des combattants étrangers de l'opposition, l'entrée immédiate des équipes pour réparer les pompes à eau à Ain al-Fijah et le retour des personnes déplacées à Wadi Barada (Al-Jazeera, 19 janvier 2017). Il n'a pas fallu longtemps pour que le cessez-le-feu soit violé et que les combats reprennent dans la région. Les forces du régime ont avancé dans la ville d'Al-Fijah et ont repris des bâtiments au Nord des sources qui fournissent de l'eau à la ville de Damas. Cependant, elles doivent encore contrôler les sources elles-mêmes (Bureau du porte-parole de l'armée syrienne, 22 janvier 2017). Le 23 janvier 2017, la mort d'un membre du comité de réconciliation a été annoncée (Dimashq al-Aan, 23 janvier 2017).[1]
Deir ez-Zor
- Au cours de la semaine écoulée, les combats se sont poursuivis entre les membres de l'Etat islamique et les forces du régime syrien avec le soutien aérien russe. L'Etat islamique a réussi à repousser les attaques et a repris plusieurs quartiers de la ville, les coupant de l'aéroport militaire (Dimashq al-Aan, 21 janvier 2017). Les troupes syriennes essaient d'avancer de la zone de l'aéroport vers la zone du cimetière de la ville. Des affrontements ont éclaté entre des membres de l'Etat islamique et les forces du régime à la périphérie du cimetière, et l'organisation aurait subi plusieurs pertes (Al-Jazeera, 24 janvier 2017).
La région d'Al-Raqqah
- Les combats entre les membres de l'Etat islamique et les Forces démocratiques syriennes (FDS) se sont poursuivis dans la zone rurale à l'Ouest et au Nord-Ouest d'Al-Raqqah. Les forces des FDS, avec l'appui des forces aériennes de la coalition menée par les Etats-Unis, ont indiqué être arrivées au barrage de l'Euphrate, et après plusieurs jours de combats, ont repris le village de Swaydiyah Kabirah, à l'Ouest de la ville. Selon les FDS, plus de 70 membres de l'Etat islamique ont été tués dans les affrontements et les armes de l'organisation auraient été détruites (Orient, 21 janvier 2017). L'Etat islamique a continué à mener des attaques suicide contre les forces armées.
La région d'Al-Bab
- Des affrontements se sont poursuivis à la périphérie d'Al-Bab entre les membres de l'Etat islamique et l'Armée syrienne libre, avec le soutien aérien étendu de l'armée turque, des pays de la coalition menée par les États-Unis, ainsi que de la Russie (qui a collaboré avec l'armée de l'air turque pour la première fois). Le 21 janvier 2017, l'Armée syrienne libre a encerclé une nouvelle fois Qabasin, au Nord d'Al-Bab. Les membres de l'Etat islamique ont continué à mener des attaques suicide contre les troupes. Parallèlement à l'effort militaire au Nord de l'Armée syrienne libre avec le soutien de la Turquie, les forces du régime syrien et les milices locales ont commencé à avancer vers Al-Bab du Sud (de la région d'Alep).
Principaux développements en Irak
La campagne de conquête de Mossoul
- Le ministère irakien de la Défense a annoncé le 23 janvier 2017 que les forces irakiennes avaient repris toute la partie orientale de Mossoul, après avoir repris les cinq ponts sur la rive Est du Tigre (Reuters, 23 janvier 2017). Plusieurs quartiers du Nord-Est de la ville restent aux mains de l'Etat islamique. Les forces irakiennes ont été soutenues par des frappes aériennes des pays de coalition dirigés par les Etats-Unis. Selon le porte-parole du Pentagone, Jeff Davis, les forces de la coalition dirigées par les États-Unis ont attaqué, entre autres, des membres de l'Etat islamique fuyant vers la partie occidentale de la ville. Jusqu'ici, 143 bateaux avec des membres de l'organisation à bord ont été détruits (Site Internet du Département américain de la Défense, 23 janvier 2017).
- A l'Est de Mossoul, l'armée de l'air irakienne a attaqué un rassemblement de membres de l'Etat islamique. Abd al-Wahid Khadir Sair al-Juan, aide du chef de l'organisation Abu Bakr al-Baghdadi, et Ahmad Khadir Sair al-Juan, chef de la police de la circulation de l'organisation, auraient été tués (Al-Sumaria, 19 janvier 2017). Les membres de l'Etat islamique ont fait sauter un grand hôtel situé sur la rive du Tigre dans l'Ouest de Mossoul. L'hôtel a peut-être été détruit pour empêcher les forces irakiennes de l'utiliser comme base (Reuters, 22 janvier 2017).
- Les utilisateurs des réseaux sociaux ont déclaré que les forces antiterroristes du gouvernement irakien ont découvert à Mossoul des parties d'un avion de chasse que l'Etat islamique tentait de développer (Al-Sumaria, 19 janvier 2017).
Le jihad mondial dans d'autres pays
Libye
- Les forces loyales au gouvernement de consensus national continuent d'attaquer des groupes de membres de l'Etat islamique qui ont fui Syrte vers les wadis adjacents à la ville. Un avion de l'armée de l'air fidèle au gouvernement de consensus national a attaqué le véhicule d'un haut responsable de l'Etat islamique et deux autres membres au Sud-Ouest de Syrte. Trois membres de l'organisation, un Égyptien et deux Soudanais, ont été arrêtés le 21 janvier 2017, sur la route entre Abu Najim et Al-Jafra (Al-Wasat, 21 et 22 janvier 2017).
- Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2017, des bombardiers de l'US Air Force ont mené une attaque aérienne en Libye. Peter Cook, le porte-parole du Pentagone, a déclaré que les frappes aériennes avaient été commises sur l'autorisation du Président Barack Obama et du gouvernement libyen, et que les bombardiers ont attaquédeux bases de l'Etat islamique situées à une distance d'environ 45 km au Sud-Ouest de Syrte. Les membres de l'organisation qui avaient fui Syrte y séjournaient (Site Internet du Département d'État américain, 19 janvier 2017). Ce sont les premières attaques aériennes effectuées par les Etats-Unis en Libye depuis le 19 décembre 2016, lorsque la fin officielle de l'opération de libération de Syrte a été déclarée.
Yémen
- Au Yémen, des drones américains ont effectué plusieurs frappes aériennes dans la région d'Al-Bayda. Cinq personnes auraient été tuées, apparemment des membres d'Al-Qaïda, dont Abu Anis al-Abi, un haut responsable de l'organisation (Site Internet du Département de Défense américain, 22 janvier 2017).
Attitude du jihad mondial
Rumeurs sur la mort de Bakr al-Baghdadi
- Selon plusieurs rapports publiés dans la presse arabe et selon un haut responsable irakien de la province de Ninive, le chef de l'Etat islamique Abu Bakr al-Baghdadi aurait été touché dans une attaque aérienne dans la ville d'Al-Ba'aj en Irak, située sur la route internationale entre la Syrie et l'Irak. D'autres membres de l'Etat islamique auraient également été blessés (Akhbar al-Aan, 23 janvier 2017, Al-Sumaria, 22 janvier 2017). Ces rapports n'ont pas été confirmés.
L'Etat islamique augmente ses ventes de produits pétroliers
- Selon des responsables américains et européens qui surveillent le trafic de pétroliers dans la région de la Turquie, de l'Irak et de la Syrie, l'Etat islamique a augmenté ses ventes de pétrole et de gaz au régime syrien. Il fournit au régime d'Assad des produits en contrepartie d'argent. Selon les experts, la vente de pétrole et de ses produits au régime Assad est actuellement la plus grande source de financement pour l'Etat islamique et remplace les recettes provenant de la perception des droits de douane et des taxes sur les territoires sous le contrôle de l'organisation (Wall Street Journal, 19 janvier 2017).
Sécession de membres du Front Fatah al-Sham
- Des divergences semblent régner dans les rangs du Front Fatah al-Sham. Jihad al-Cheikh, alias Abu Ahmad Zakour, membre du Conseil de la Choura et trésorier général du Front, et Hamza Sanda, membre du Conseil de la Choura chargé de la région d'Alep, ont annoncé leur départ de l'organisation. Dans leur annonce, ils ont déclaré avoir décidé de faire scission à la suite de la faille créée et des tentatives de chaque faction d'agir de manière indépendante. Selon l'annonce, ils n'appartiennent actuellement à aucune organisation. D'autre part, quatre bataillons d'Ahrar al-Sham se sont séparés de l'organisation et ont rejoint le Front Fatah al-Sham (Al-Mayadeen, 21 janvier 2017).gérer la crise dans la région (Porte-parole de l'armée syrienne, 14 janvier 2017).
[1]C'est la deuxième fois qu'un membre du comité de réconciliation est assassiné. Le 14 janvier 2017, le général Ahmad Ghadban a été tué. Il avait été nommé par le régime syrien pour