Aperçu général
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Aggravation des tensions entre les Etats-Unis et la Russie
- La semaine écoulée a été marquée par la hausse des tensions entre les Etats-Unis, l'Occident et la Russie au sujet de la crise syrienne, en raison de l'effondrement du cessez-le-feu, de la reprise de l'offensive de l'armée syrienne sur Alep, des frappes intensives de la Russie et de la Syrie contre les quartiers résidentiels à l'Est d'Alep, de l'aggravation de la situation humanitaire à Alep et de l'échec des tentatives de transférer l'aide humanitaire aux habitants de la ville.
- Les tensions sont notamment caractérisées par une hausse du ton entre les Etats-Unis et la Russie Dans ce contexte, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a appelé à ouvrir une enquête sur les crimes de guerre et à punir sévèrement les coupables. En réaction, une porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a affirmé que les propos de Kerry visent à détourner l'attention du fait que les États-Unis ont violé le cessez-le-feu. La Russie, pour sa part, a continué à blâmer les États-Unis de s'abstenir de faire la distinction entre le Front Al-Sham (anciennement le Front Jabhat al-Nusra) et les forces de "l'opposition syrienne." Selon Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, la Russie n'exclut pas la possibilité que les Etats-Unis prévoient d'utiliser le Front Fatah al-Sham dans le cadre d'un programme qui vise à renverser le régime d'Assad (BBC, 30 septembre 2016).
- Le 3 octobre 2016, John Kirby, porte-parole du département d'Etat américain, a annoncé que les Etats-Unis suspendent leurs liens avec la Russie sur le cessez-le-feu (CNN, 3 octobre 2016). D'autre part, le Président Poutine a publié un décret qui gèle la participation de la Russie à l'accord de coopération avec les Etats-Unis pour convertir le plutonium des réacteurs de combustible nucléaire, selon lui, suite aux "mesures agressives" des Etats-Unis contre la Russie et leur incapacité à respecter l'accord en Syrie (Daily Mail, 3 octobre 2016).
- Malgré la hausse du ton, les Etats-Unis et la Russie n'ont pas renoncé aux tentatives d'établir un cessez-le-feu et les négociations se poursuivent entre les ministres des Affaires étrangères. John Kirby, porte-parole du département d'Etat américain, a déclaré que les États-Unis ne renonceront pas à trouver une solution à la crise en Syrie, qui déterminera les zones interdites aux vols de l'aviation russe et syrienne (Reuters, 4 octobre 2016). Gennady Gatilov, vice-ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que la Russie tente de parvenir à un accord avec les États-Unis sur le renouvellement de la trêve en Syrie, ajoutant qu'ils sont prêts à débuter par un cessez-le-feu de 48 heures afin de permettre l'arrivée de l'aide humanitaire en Syrie (Tass, 3 octobre 2016). Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré que pour éviter des incidents majeurs et des opérations dangereuses en Syrie, la communication se poursuit entre les forces russes et les forces américaines (Tass, 4 octobre 2016).
La campagne de la coalition internationale
- Le 4 octobre 2016, un haut responsable du Front Fatah al-Sham (anciennement Jabhat al-Nusra) a été tué dans l'attaque d'un avion américain sans pilote. Ahmed Salama Mabruk, connu sous le nom d'Abu Faraj al-Masri, a été tué alors qu'il conduisait sa voiture. Jeff Davis, porte-parole du Pentagone, a confirmé qu'il était objectif de l'attaque mais a ajouté que les États-Unis vérifiaient les résultats (AP, 3 octobre 2016). Le Front Fatah al-Sham a confirmé sa mort (Al-Arabiya, Al-Jazeera, 3 octobre 2016).
- Selon des "sources de sécurité égyptiennes", Ahmed Salama est né en Egypte en 1956. Il a obtenu un diplôme en agriculture à l'Université du Caire. Il est entré en contact avec l'un des individus impliqués dans l'assassinat du Président Sadate et a rejoint le jihad. Plus tard, il est devenu proche du leader d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri. Ahmed Mabruk a joué un rôle important au sein d'Al-Qaïda en Afghanistan. Il s'est rendu avec al-Zawahiri en Tchétchénie et a supervisé les activités d'Al-Qaïda dans d'autres pays (Al-Arabiya, 3 octobre 2016).
Implication de la Russie
- Des sources américaines ont révélé que la Russie a envoyé en Syrie un système de défense aérienne S-300V4. Selon les Américains, l'installation de ces systèmes en Syrie est dirigée contre des avions américains et des pays de la coalition qui luttent contre l'Etat islamique. Le ministère russe de la Défense a confirmé les rapports, mais a déclaré que le système a été déployé dans la zone côtière afin de sécuriser la base du port syrien de Tartous et les navires russes qui naviguent dans la zone (Fox News, RT, 3 octobre 2016). En outre, le porte–parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov,a affirmé que les systèmes S-300 et S-400 déployés en Syrie peuvent surprendre tout objet détecté volant au-dessus de la Syrie. Il a ajouté qu'après la frappe des États-Unis à Deir al-Zor, la Russie a pris toutes les mesures nécessaires pour empêcher les "erreurs" de ce genre contre les installations militaires russes en Syrie (TASS, 6 octobre 2016).
Principaux développements en Syrie
Etat des lieux à Alep
- L'assaut syrien avec le soutien aérien russe massif contre les organisations rebelles à l'Est d'Alep se poursuit. Les forces syriennes continuent de marquer des points au Nord d'Alep (secteur du camp de réfugiés d'al-Handarat et zone industrielle), au Centre (quartier d'al-Farafirah), au Sud (secteur d'al-Ramusiah et d'al-Cheikh Said), et au Nord-Ouest (zone du village d'al-Hamra). Il semble que les organisations rebelles se déplacent vers le Centre du secteur assiégé, même si elles affirment que leurs forces ont freiné les forces syriennes sur plusieurs fronts.
- La situation humanitaire à Alep et ses environs continue de se détériorer, suite aux attaques aériennes massives contre des cibles civiles, aux combats et à l'incapacité à fournir une aide humanitaire aux habitants pris au piège dans les zones de guerre. Depuis l'effondrement du cessez-le-feu, des centaines de résidents d'Alep ont été tués et des dommages importants ont été causés aux infrastructures civiles, dont certains hôpitaux endommagés par les frappes aériennes.
- Bashar Ja'afari, l'envoyé de la Syrie à l'ONU, a affirmé que le gouvernement syrien a annoncé avoir ouvert quatre terminaux humanitaires pour la sortie de civils des quartiers d'Alep, mais a ajouté que des "groupes armés" utilisent les civils comme boucliers humains (Al-Jadeed, 30 septembre 2016). Le 5 octobre 2016, le régime syrien a annoncé la réduction des frappes aériennes à Alep afin que les résidents puissent quitter les zones contrôlées par des hommes armés (Damas-Aan, 5 octobre 2016). Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que, conformément au projet de De Mistura, l'envoyé spécial des Nations Unies, la Russie est prête à convaincre le régime Assad d'accepter le départ des militants du Front Fatah al-Sham d'Alep (Spoutnik, 7 octobre 2016).
Principaux incidents sur d'autres fronts
- Ci-après les principaux incidents sur les autres fronts en Syrie :
- La région à l'Ouest de l'Euphrate : La troisième phase de l'opération "Bouclier de l'Euphrate" se poursuit, en vue de la conquête de la ville d'al-Bab, le dernier bastion de l'Etat islamique. Il semble que dans cette région, de violents combats opposent les groupes rebelles, soutenus par la Turquie, à l'Etat islamique. Des forces de l'Armée syrienne libre, avec l'aide de l'armée turque, ont conquis plusieurs villages occupés par l'Etat islamique et se dirigent vers al-Bab. Les affrontements auraient tué plus de trente membres de l'Etat islamique (Al-Boabah, 5 octobre 2016).
- Al-Hasakah : L'Etat islamique a réalisé un attentat suicide contre des Kurdes dans une salle des fêtes dans la ville. 22 personnes ont été tuées et des dizaines blessées. La Province d'al-Hasakah de l'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'attaque par un terroriste suicide, présenté comme étant Abu al-Baraa al-Ansari.
- La ville de Hamat : L'Etat islamique a réalisé deux attentats suicide à Hamat. Selon l'organisation, trois individus se sont fait exploser en utilisant des ceintures piégées au siège du parti Baas, au siège de la police dans la ville et contre les forces d'assistance arrivées sur place. Selon un communiqué de l'organisation, ces attaques ont tué et blessé des dizaines de membres du régime syrien (Haq, 3 octobre 2016).
Principaux développements en Irak
Préparatifs en vue de la campagne de Mossoul
- Les préparatifs en vue de la campagne de Mossoul se poursuivent. Les Etats-Unis ont annoncé que le Président Obama prévoit d'envoyer 600 soldats supplémentaires en Irak, en soutien aux forces irakiennes. Ces soldats prendront part aux activités de consultation et d'entraînement mais ne participeront pas directement aux combats (NBC, 28 septembre 2016). En parallèle, le porte-avion français Charles de Gaulle a débuté ses premières frappes contre des cibles de l'Etat islamique en Irak. Huit avions français ont décollé du porte-avion le 30 septembre 2016 pour attaquer des cibles de l'Etat islamique. Une source sécuritaire française a déclaré que la mission des avions signalait le début de la campagne de Mossoul (Al-Arabiya, 30 septembre 2016).
Activités de terrorisme et de guérilla de l'Etat islamique
- Tandis qu'il est écarté des principales villes, l'Etat islamique continue ses activités de terrorisme et de guérilla en Irak :
- Le 8 octobre 2016 – Une source officielle irakienne a annoncé que l'Etat islamique avait fait exploser deux puits de pétrole dans un champ de pétrole d'al-Najima, au Nord d'al-Qayyarah. Par ailleurs, l'Etat islamique a piégé d'autres puits de pétrole (Al-Sumaria, 8 octobre 2016).
- Le 8 octobre 2016 – L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de deux attentats suicide à la voiture piégée, l'un à l'entrée de la localité d'al- Qayyarah et l'autre au Sud-Ouest d'Al-Shirqat (Haq, 8 octobre 2016).
- Le 7 octobre 2016 – Un engin piégé a explosé au Nord de Bagdad durant un défilé chiite. Plusieurs victimes ont été signalées (Al-Sumaria, 7 octobre 2016).
- Le 3 octobre 2016 – L'Etat islamique a commis deux attentats suicide à Bagdad, visant deux défilés chiites (Anatolie, 3 octobre 2016). L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité des deux attaques, qui ont fait près de 100 victimes (Haq, 3 octobre 2016). Le même jour, la police irakienne a annoncé la mort d'un terroriste suicide armé d'une ceinture piégée au Sud de la ville (Al-Sumaria, 3 octobre 2016).
- Le 30 septembre 2016 – Plus de vingt soldats irakiens ont été tués dans une attaque de l'Etat islamique à l'Ouest d'al-Anbar (Al-Jazeera, 30 septembre 2016).
- Le 27 septembre 2016 – Un terroriste suicide a activé une ceinture piégée dans le secteur de Ghadad al-Jadeeda, à l'Est de Bagdad. Quatre personnes ont été tuées et quinze ont été blessées (Al-Sumaria, 27 septembre 2016). Il semble qu'il s'agissait d'un membre de l'Etat islamique.
La péninsule du Sinaï
- La Province du Sinaï de l'Etat islamique a publié des photos de l'exécution d'Ismail Ahmad Muhammad Ali, accusé d'être un espion de l'armée égyptienne. Les photos étaient accompagnées d'un message publié par l'organisation le 17 avril 2016 dans lequel elle menaçait d'exécuter toute personne collaborant avec l'armée égyptienne (Haq, 4 octobre 2016).
Le jihad islamique dans d'autres pays
Libye
- Le 2 octobre 2016, les forces du gouvernement de consensus national libyen ont renouvelé l'assaut contre l'Etat islamique dans la ville de Syrte (Al-Arabiya, 2 octobre 2016). Dans un communiqué, le centre d'information de la campagne de Syrte a annoncé qu'une force importante de l'Etat islamique avait attaqué les forces libyennes en tentant d'atteindre le port de Syrte. Les forces libyennes ont lancé un contre-assaut et ont réussi à défaire les membres de l'Etat islamique. 55 d'entre eux ont été tués durant l'assaut. 25 autres ont été tués dans le secteur du "quartier de la marine".Les forces libyennes ont frappé les derniers bastions de l'Etat islamique dans le "quartier de la marine", avec le soutien de l'armée de l'air américaine (Al-Jazeera, 8 octobre 2016)
Afghanistan
- La province de Khorasan de l'Etat islamique a annoncé le 9 octobre 2016 que des membres de l'organisation ont attaqué un convoi américain au Sud-Ouest de Jalalabad, en faisant exploser un engin piégé. Selon l'organisation, six soldats américains ont été tués dans l'explosion. Selon le communiqué, le terroriste suicide Abdallah al-Hayusani s'est fait exploser près des forces spéciales afghanes, dépêchées sur les lieux, à l'aide d'une ceinture piégée (Haq, 9 octobre 2016).
Activités de contre-terrorisme
Espagne
- Le ministre espagnol de l'Intérieur a annoncé que les autorités de son pays, en coopération avec l'Allemagne et la Belgique, ont arrêté quatre Espagnols et un Marocain suspectés d'avoir mis en place une cellule de l'Etat islamique "active et dangereuse" dans ces pays. La plupart des activités de la cellule terroriste se déroulait en Espagne, notamment sur Facebook (Reuters, 28 septembre 2016).
Activités de propagande
Incitation à commettre des attaques à l'arme blanche
- Le deuxième numéro de Rumiyah, le magazine officiel de l'Etat islamique en anglais, diffusé sur les réseaux sociaux, a publié un article intitulé "Tactiques d'actes terroristes" (expression utilisée, selon les auteurs de l'article, pour remplacer l'expression "loups solitaires"). L'article affirme que toute personne, même non habituée, peut commettre un acte terroriste et devenir un combattant du jihad. L'article appelle les lecteurs à surmonter leur sentiment d'aversion,à s'armer de couteaux et à lancer une campagne d'attaques à l'arme blanche dans des ruelles, des forêts, et des quartiers calmes. Selon les auteurs, plusieurs types d'armes peuvent être utilisés, mais le couteau possède plusieurs avantages, car après l'attaque, il est possible de se débarrasser de l'arme et d'en acheter une nouvelle aussitôt.
[*] En raison des fêtes juives, le prochain bulletin sera publié le 27 octobre 2016. Nous souhaitons de bonnes fêtes à tous nos lecteurs.