Principaux points
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La campagne internationale contre l'Etat islamique
Frappes des Etats-Unis et des pays de la coalition
- Cette semaine, les forces américaines et les pays de la coalition ont poursuivi leurs frappes aériennes contre des objectifs de l'Etat islamique. Pendant la semaine, plusieurs dizaines de raids aériens ont été effectués au moyen d'avions de chasse, d'avions de combat et de drones. Ci-après les principales frappes aériennes (selon le Département américain de la Défense):
- En Syrie– Les frappes aériennes ont été concentrées dans les régions suivantes : Manbij, Marea, Al-Raqqah, Abu Kamal et Deir al-Zor. Les frappes aériennes ont notamment visé des membres de l'Etat islamique, des positions de l'organisation, des véhicules. Cette semaine, les forces de la coalition se sont abstenues de mener des frappes aériennes dans la région d'Alep, où les Russes mènent une activité aérienne intensive, en soutien à l'offensive de l'armée syrienne.
- En Irak, les frappes aériennes ont été concentrées dans les régions suivantes : Habbaniyah, Kisik, Mossoul, Sinjar, Sultan Abdullah, Albu Hayat, Kirkouk, Ramadi, Baghdadi et Falloujah Les frappes aériennes ont notamment visé des positions de combat de l'Etat islamique, de l'artillerie, des véhicules, y compris des voitures piégées, des positions de tir, des barrages routiers et des zones de rassemblement.
Appel à un cessez-le-feu afin de permettre le transfert de l'aide humanitaire
- Les 11 et 12 février 2016, le Groupe international de soutien à la Syrie (International Syria Support Group, ISSG) s'est réuni à Munich. La conférence a réuni plus de 30 chefs d'Etat et plus de 60 ministres des Affaires étrangères du monde entier. Une conférence de presse conjointe a eu lieu à la fin de la réunion, en présence du secrétaire d'Etat américain John Kerry, du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura. Un accord sur la cessation des hostilités a été annoncé lors de la conférence de presse, et devrait entrer en vigueur dans la semaine afin de permettre le transfert de l'aide humanitaire à la population syrienne dans les différentes zones de combat.
- Le secrétaire d'Etat Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov ont souligné que tous les Etats membres pays de l'ISSG s'associeraient pour permettre l'application de la cessation des hostilités. Ils ont ajouté qu'ils seraient en contact avec les différents groupes en Syrie dans ce but. Cependant, Lavrov a clairement indiqué que l'aviation russe continuerait à agir en Syrie contre les organisations jihadistes, y compris l'Etat islamique et le Front Al-Nusra, qui ne sont pas inclus dans la cessation des hostilités (TASS, RT, 12 février 2016).
- Selon nous, l'interprétation russe de la cessation des hostilités réduit les chances de mise en œuvre de l'accord, puisque le Front al-Nusra joue un rôle important parmi les organisations rebelles combattant au Nord d'Alep. Elle permet également la poursuite des attaques contre les organisations rebelles sans distinction entre elles, sous prétexte d'attaquer les "organisations terroristes." Cette mesure viseàétablir des faits sur le terrain, afin que l'armée syrienne puisse compléter sa prise de contrôle de la plupart de la région au Nord d'Alep et, finalement, encercler la ville.
Réponse de l'Etat islamique au cessez-le-feu
- L'Etat islamique n'a pas tardé à condamner l'annonce de l'ISSG. L'organisation a publié une vidéo intitulée "LeDirty Deal", accusant les groupes d'opposition syrienne de "vendre" la Syrie au régime syrien et à l'Occident. Ils ont été accusés de collaboration avec le régime syrien et l'Occident, dans un prétendu complot visant à éliminer l'Etat islamique. La vidéo se termine par un appel aux membres de l'Etat islamique du monde entier à se rendre en Syrie pour aider l'État islamique (Akhbar Dawlat al-Khilafah, 14 février 2016).
L'Arabie saoudite et les Etats du Golfe
- Selon des sources saoudiennes, l'Arabie saoudite et ses alliés se préparent à attaquer l'Etat islamique. Le ministre turc des Affaires étrangères a déclaré que l'Arabie saoudite allait envoyer des avions en Turquie afin d'intensifier sa campagne aérienne contre l'Etat islamique. Le 14 février 2016, le Général de brigade Ahmed al-Asiri, conseiller militaire du ministre saoudien de la Défense, a déclaré que les avions de l'armée de l'air saoudienne et leurs équipages ont déjà été déployés à la base de l'armée de l'air russe d'Incirlik au Sud de la Turquie. Al-Asiri a ajouté qu'il n'y avait pas de troupes des forces terrestres saoudiennes à la base, notant que l'Arabie saoudite est engagée dans les combats contre l'Etat islamique à Al-Raqqah et dans les environs. Il a également dit que l'activité serait réalisée dans le cadre de la coalition internationale (Al-Arabiya, 14 février 2016).
L'implication russe dans la guerre civile en Syrie
- Au cours de la semaine, des avions russes ont attaqué plusieurs cibles en Syrie. La plupart des efforts de la Russie ont été concentrés dans la région d'Alep en soutien à l'opération terrestre de l'armée syrienne au Nord d'Alep. Selon des sources russes, l'armée de l'air russe et l'armée syrienne ont attaqué des "cibles terroristes" dans la région d'A'zaz, près de la frontière avec la Turquie, contrôlée par le Front Al-Nusra et d'autres organisations rebelles (Spoutnik, 12 février 2016).
- Selon des médias américains, un hôpital soutenu par Médecins Sans Frontières et une école ont été touchés dans une attaque aérienne russe à A'zaz le 15 février 2016. Quatorze personnes auraient été tuées (Sky News, 15 février 2016). Selon le Premier ministre turc, la Russie a tiré des missiles balistiques sur une école et un hôpital dans la ville d'A'zaz (Akhbar al-Aan, 15 février 2016). Le secrétaire général de l'ONU et le porte-parole du Département d'État des États-Unis ont condamné les attaques russes dans la région d'Alep. Des porte-parole russes, de leur côté, ont réfuté les accusations, les qualifiant "d'allégations sans fondement."
- Au cours d'un entretien avec le Président américain Barack Obama, le Président russe Vladimir Poutine a souligné l'importance de la création d'un front uni contre le terrorisme. Les deux hommes ont qualifié les pourparlers tenus à Munich de positifs (Sky News, 14 février 2016). Selon le Président russe, au cours de la conversation, le Président russe a mentionné la nécessité de maintenir d'étroites relations de travail entre le ministère russe des Affaires étrangères et le ministère américain de la Défense, de sorte que la guerre contre l'Etat islamique et d'autres organisations terroristes soit plus efficace et mieux planifiée (RT, 14 février 2016). En outre, le Président américain aurait exhorté Poutine à cesser les frappes aériennes contre l'opposition syrienne (AFP, 14 février 2016).
- Les pays de la coalition occidentale ont continué de critiquer la Russie qui concentre ses frappes aériennes contre les organisations rebelles (qui comprennent les organisations pro-occidentales) et pas contre l'Etat islamique. Selon le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu, des écoles et des hôpitaux syriens ont été touchés dans des frappes aériennes russes. Selon lui, un cessez-le-feu ne sera pas possible tant que la Russie poursuit ses frappes aériennes. Le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond a déclaré que le cessez-le feu ne pourra réussir que si la Russie met un terme à ses frappes aériennes, qui soutiennent le régime d'Assad. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a déclaré qu'afin de respecter l'accord de cessez-le feu conclu, la Russie doit modifier les cibles de ses attaques (Site Internet Reuter, 12 février 2016).
Principaux développements en Syrie
L'offensive contre Alep
- Cette semaine, l'armée syrienne a poursuivi son attaque dans la région au Nord d'Alep, avec le soutien massif de l'armée de l'air russe. L'armée syrienne a élargi le corridor dont elle a pris le contrôle entre la ville d'Alep et les villes chiites de Nubl et Zahraa au Nord. Dans le même temps, les forces kurdes ont continué à attaquer le Nord de la route près de la frontière avec la Turquie. Par conséquent, le Front al-Nusra et d'autres organisations rebelles qui contrôlent la région au Nord d'Alep sont maintenant sous la double pression de l'armée syrienne et des forces kurdes. Le gouvernement turc, préoccupé par une prise de contrôle kurde de la région près de la frontière, a répliqué par des tirs d'artillerie sur les forces kurdes, sans résultats significatifs. Dans la ville d'Alep, la situation humanitaire difficile continue (effusion de réfugiés, dommages à l'infrastructure de l'électricité et de l'eau).
L'armée syrienne
- Cette semaine, l'armée syrienne a nettoyé les poches de résistance des organisations rebelles au Sud de la route Alep-A'zaz-Kilis. Dans le cadre de cette activité, l'armée syrienne apris le contrôle de plusieurs zones à l'Ouest et à l'Est de la route :
- Le 13 février 2016,l'armée syrienne a pris le contrôle de la zone du village d'Al-Tamoura, à l'Est de la route Alep-Nubl, après des affrontements avec des membres du Front Al-Nusra, qui avaient pris le contrôle du village (Syrie Mubasher, 12 février 2016). Les combats entre l'armée syrienne et les organisations rebelles sont toujours en cours dans le village d'Anadan, au Sud-Est d'Al-Tamoura.
- A l'Est de la route Alep-Nubl, l'armée syrienne a pris le contrôle des villes d'Ahras et de Masqan et a avancé vers la ville de Rifat en direction du Sud. Les membres des organisations rebelles qui contrôlaient ces villes se sont retirés à A'zaz et Marea (Télévision Al-Alam, 17 février 2016). L'armée syrienne a également pris le contrôle du village de Kafin, au Sud-Ouest de la ville de Tall Rifat. L'armée syrienne est arrivée à la périphérie Sud de la ville de Tall Rifat, qui était contrôlée par les forces kurdes, et ses forces sont maintenant riveraines de la zone de contrôle kurde (voir la carte).
Les forces kurdes
- Alors que l'armée syrienne nettoie la partie Sud de la route menant d'Alep à la Turquie, les forces kurdes (SDF, GPJ) ont réussi à prendre le contrôle de sections de la partie Nord de la route. Au cours de leurs attaques,les forces kurdes ont pris la ville de Tall Rifat et la base aérienne et la ville de Menagh, au Sud d'A'zaz. Le 16 février 2016, les forces kurdes ont pris les villes de Kafr Naseh, Kafr Naya et cheikh Issa, au Sud et à l'Est de Tall Rifat (voir la carte). Le principal obstacle les forces kurdes pour contrôler toute la partie Nord de la route, jusqu'à la frontière turque, est la ville d'A'zaz, qui se trouve à environ 4 km au Sud du poste frontière de Bab al-Salama. A'zaz est maintenant l'objet d'attaques par les forces kurdes du Sud et de l'Ouest.
- L'attaque kurde contre les organisations rebelles dans la partie Nord de la route conduisant à la Turquie a donné lieu à des préoccupations turques sur l'expansion de l'enclave kurde à Afrin vers l'Est, dans le but de se connecter avec la zone contrôlée par les Kurdes le long de la frontière turque. En conséquence, l'armée turque a procédé à des tirs d'artillerie sur des avant-postes des forces kurdes dans les secteurs d'Afrin et d'A'zaz. De plus, les responsables turcs ont menacé d'intervenir.[1] La Turquie a également réitéré son offre d'établir une zone tampon en territoire syrien près de la frontière turque, afin d'aider les réfugiés fuyant la région d'Alep et, en même temps, de mettre fin à l'avancée des forces kurdes vers la frontière turque et vers l'Est.
- Dans le contexte de la montée des tensions entre la Turquie et les Kurdes, les Etats-Unis (et la France) ont tenté de calmer la situation :
- Le porte-parole du Département d'Etat américain John Kirbya déclaré lors d'un briefing quotidien que les Kurdes étaient des partenaires importants dans la lutte contre l'Etat islamique, notant que les Etats-Unis leur fournissent principalement un soutien de l'air. Il a souligné que les relations entre les Etats-Unis et les Kurdes sont militaires et non politiques (Site internet du Département d'Etat, 8 février 2016). En réponse, le ministère turc des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur des États-Unis afin de clarifier aux États-Unis "l'inconvénient" causé à la Turquie par l'attitude américaine envers les Kurdes (Conflicts, 8 février 2016).
- Le vice-président américain Joe Biden a exhorté la Turquieà faire preuve de retenue en arrêtant les tirs d'artillerie. Il a noté que les États-Unis faisaient des efforts pour empêcher les forces kurdes syriennes de profiter des circonstances actuelles pour prendre le contrôle de territoires supplémentaires à proximité de la frontière syro-turque (Spoutnik, 14 février 2016). La France a également appelé la Turquie à mettre immédiatement fin aux attaques contre les forces kurdes en Syrie (AFP, 14 février 2016).
Le Front al-Nusra et les autres organisations terroristes
- Le Front al-Nusra et d'autres organisations rebellesdans la zone située au Nord d'Alep sont maintenant sous une double pression : au Sud, ils sont sous la pression de l'armée syrienne (avec le soutien de l'armée de l'air russe) et à l'Ouest, ils sont attaqués par les forces kurdes. Cette semaine, ils ont perdu la ville de Tall Rifat et continuent à tenir la ville d'A'zaz, près de la frontière turque.
- L'Etat islamique, dont les zones de contrôle à l'Ouest de l'Euphrate sont proches des zones contrôlées par le Front al-Nusra et d'autres organisations rebelles, n'a pas encore pris de mesures significatives pour repousser l'attaque syrienne. Les zones sous contrôle de l'Etat islamique à l'Ouest de l'Euphrate (régions de Jarabulus, Manbij et Al-Bab) n'ont pas encore été touchées par l'offensive de l'armée syrienne. Cependant, dans la zone du barrage de Tishreen, l'Etat islamique est sous la pression militaire des forces kurdes (voir ci-dessous).
Poursuite de la guérilla de l'Etat islamique dans la région de Kuweyres
- L'Etat islamique a annoncé que ses membres ont fait exploser deux voitures piégées près d'avant-postes de l'armée syrienne adjacents aux villages de Tall Maksur et Jubb al-Kalb, au Nord-Ouest de la base aérienne militaire de Kuweyres (Khatwa, 12 février 2016). Le 13 février 2016, l'Etat islamique a publié des photos des combats avec l'armée syrienne dans le village de Tall Maksur. Pendant les combats, les membres de l'organisation ont activé deux voitures piégées, provoquant la mort des terroristes suicide, Abu Moussab al-Libi et Abu Bakr al-Muwahhid (Akhbar al-Muslimeen, 13 février 2016).Région du barrage de Tishreen
- En parallèle à l'attaque dans la zone d'A'zaz et Tall Rifat,les forces kurdes (SDF) ont lancé une attaque sur Manbij, un important avant-poste de l'Etat islamique à l'Ouest de l'Euphrate. L'attaque a été lancée à partir de la zone sous le contrôle des Kurdes, à l'Ouest du barrage de Tishreen. Selon un rapport du 12 février 2016, l'Etat islamique s'est retiré de plusieurs villages de la région du Nord-Ouest du barrage de Tishreen. Les forces kurdes progresseraient vers le Nord-Ouest, en direction de la ville de Manbij, et seraient à la périphérie du village d'Abu Qelqel (environ 14 km au Sud-Est de Manbij). L'Etat islamique, qui contrôle la ville de Manbij, a utilisé des haut-parleurs pour appeler les résidents de la ville à rester chez eux et à ne pas quitter la ville (Agence de presse syrienne qasioun.net, 12 février 2016).
Affrontements dans et autour de la ville de Deir al-Zor
- L'Etat islamique continue d'attaquer les forces syriennes dans la ville de Deir al-Zor et ses environs. Selon divers rapports, l'armée syrienne aurait remporté plusieurs succès cette semaine :
- Selon un rapport du 11 février 2016, l'armée syrienne a tué plus de 50 membres de l'Etat islamique dans la région de Jabal al-Thurdah, à environ 5 km au Sud-Ouest de la base aérienne de Deir al-Zor (Agence de presse SANA, 13 février 2016).
- Selon un rapport du 12 février 2016, l'armée syrienne a repoussé une tentative de membres de l'Etat islamique d'attaquer la base aérienne militaire de Deir al-Zor. Des douzaines de membres auraient été tués (Agence de presse syrienne, 12 février 2016).
- Le 13 février 2016, l'armée syrienne a indiqué avoir tué plusieurs membres de l'Etat islamique dans les quartiers Nord et Sud de Deir al-Zor (Agence de presse SANA, 13 février 2016).
La ville de Damas
- Le 9 février 2016, une voiture piégée a explosé dans la zone du quartier de Masakin Barzeh au Nord de Damas. Selon un rapport publié par l'agence de presse syrienne, plusieurs civils ont été tués et blessés dans l'explosion (Agence de presse SANA, 9 février 2016). L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de l'attaque. Selon l'organisation, un terroriste suicide a fait exploser une voiture piégée dans un club de policiers dans le quartier de Masakin Barzeh. Selon le communiqué, environ 20 personnes ont été tuées dans l'attaque et d'autres ont été blessées (Aamaq, 9 février 2016).
- Masakin Barzeh, où la voiture piégée a explosé, est un secteur très sensible du point de vue du régime syrien. Le quartier est peuplé principalement par des chiites et des alaouites, et abrite les résidences des officiers supérieurs de Damas. L'hôpital militaire Tishreen, l'Institut supérieur des sciences appliquées et de technologie et l'Académie de police sont situés dans le secteur.
Principaux développements en Irak
La province d'Al-Anbar
Ramadi
- L'armée irakienne poursuit ses efforts pour nettoyer la ville de Ramadi de la présence de l'Etat islamique. Cette semaine, les combats entre l'armée irakienne et l'Etat islamique ont été concentrés dans le secteur d'Albu Diab au Nord de la ville. Selon l'armée irakienne, deux membres de l'Etat islamique ont été tués dans une attaque contre le siège de l'organisation dans la région d'Albu Diab, et les membres restants se sont enfuis (Al-Sumaria, 14 février 2016). Il a également été rapporté que plus de 20 membres de l'Etat islamique ont été tués à Albu Diab dans deux frappes aériennes de la coalition (13-14 février 2016). Des infrastructures de l'organisation ont également été endommagées (ARA News, 13 février 2016 ; Al-Sumaria, 14 février 2016).
- L'armée irakienne s'efforce de localiser les tunnels utilisés par l'Etat islamique pour transférer des membres et des armes dans la ville de Ramadi.Selon un officier irakien de haut rang, de nombreux tunnels utilisés par des membres de l'Etat islamique ont déjà été découverts. Il a ajouté que les tentatives de localiser d'autres tunnels continuent (Al-Arabiya, 15 février 2016).
- Suite à l'amélioration de la sécurité dans la partie orientale de Ramadi, le gouvernement irakien envisage le retour des personnes déplacées dans leurs foyers (Al-Sumaria, 14 février 2016). Le Premier ministre irakien Haidar al-Abadi a annoncé la formation d'un comité chargé de la réhabilitation de la ville, après la destruction massive due à la lutte contre l'Etat islamique (Al-Sharq Al-Awsat, 14 février 2016).
La zone de Falloujah
- Le siège imposé par l'armée irakienne sur la ville de Falloujah continue.D'autre part, l'Etat islamique mène une guérilla contre l'armée irakienne dans la ville. L'organisation a annoncé qu'elle avait tué 16 soldats de l'armée irakienne avec des tirs de snipers dans le secteur de Zoba, au Sud-Est de Falloujah (Aamaq, 11 février 2016). L'armée irakienne, de son côté, a annoncé la mort de plus de 30 membres de l'Etat islamique au Sud de Falloujah (Al-Hurra, 14 février 2016).
- L'Etat islamique a annoncé avoir repoussé la tentative de l'armée irakienne d'attaquer Karma, un bastion de l'organisation au Nord de Falloujah. L'Etat islamique a publié des photos des combats et des corps des soldats irakiens laissés sur place (Akhbar al-Muslimeen, 14 février 2016).
L'Egypte et la péninsule du Sinaï
- Au cours de la semaine, les forces de sécurité égyptiennes ont poursuivi leurs activités contre des cibles de l'Etat islamique, principalement dans le secteur de Cheikh Zuweid, Rafah et Al-Arish. Plusieurs dizaines de membres auraient été tués et d'autres arrêtés. En outre, des voitures et des motos sans plaques d'immatriculation ont été incendiées (Al-Masry Al-Youm, 12 février 2016).
- Le 11 février 2016, les forces de sécurité égyptiennes ont détruit un tunnel dans le secteur d'Al-Dahliya, à Rafah. Des pompes à eau et des câbles d'alimentation et de données ont été trouvés sur place. Les forces égyptiennes ont également découvert deux cachettes d'armes contenant des matières utilisées pour fabriquer des engins explosifs improvisés (Page Facebook du porte-parole des forces égyptiennes, 11 février 2016).
- Ci-après les principaux incidents de la semaine :
- Le 14 février 2016– Des hélicoptères de l'armée de l'air égyptienne ont tiré des roquettes sur des cibles terroristes dans la région d'Abu Tubul, au Sud d'Al-Arish. De plus, 42 suspects ont été arrêtés et quatre engins explosifs improvisés ont été neutralisés à Al-Arish, Cheikh Zoweid et Rafah (Al-Masri Al-Youm, 10 février 2016).
- Le 13 février 2016– Deux engins piégés ont explosé près d'un véhicule blindé des forces égyptiennes à l'Ouest d'Al-Arish. Il n'y a pas eu de victimes (Al-Watan, 13 février 2016).
- Le 13 février 2016– Un officier a été tué et un soldat a été blessé en neutralisant un engin piégé à Karam al-Kawadis (Page Facebook du porte-parole des forces égyptiennes, 13 février 2016).
- Le 13 février 2016 – Six soldats, dont un officier, ont été blessés dans la frappe d'un char sur la route entre Al-Kharoubah et Karam al-Kawadis au Nord de la péninsule du Sinaï (Rassd, 13 février 2016).
- Le 13 février 2016 – L'Etat islamique a publié des photos de ses membres activant un engin piégé contre une patrouille de l'armée égyptienne près de la zone d'Al-'Ujrah, au Sud-Ouest de Cheikh Zuweid. L'organisation a annoncé que cinq soldats de l'armée égyptienne avaient été tués dans l'incident (Akhbar al-Muslimeen, 13 février 2016).
- Le 12 février 2016– L'Etat islamique a publié des photos de tirs de roquettes Grad sur l'aéroport international Al-Arish alors que des responsables du gouvernement égyptien s'y trouvaient (Akhbar al-Muslimeen, 12 février 2016).
- Le 11 février 2016– Des appareils de l'armée de l'air égyptienne ont attaqué un cortège de l'Etat islamique à Cheikh Zoweid (Sky News, 11 février 2016). Le raid aérien aurait tué 40 membres de l'organisation et en auraient blessé plus de 60 autres (Al-Bawaba News, 11 février 2016).
- Le 10 février 2016– Les forces de sécurité égyptiennes ont découvert un entrepôt d'explosifs dans le Centre du Sinaï contenant cinq sacs de TNT, des RPG et des munitions (Al-Youm al-Sabea, 10 février 2016).
Le jihad mondial dans d'autres pays
Libye
- Selon une chaîne de télévision affiliée au Hezbollah, Abu Omar le Tchétchène aurait été nommé responsable de l'Etat islamique en Libye (Al-Mayadeen, 12 février 2016).Cette information n'a pas encore été vérifiée.
- Abu Omar le Tchétchène est le nom de code de Tarkhan Tayumurazovich Batirashvili, un Tchétchène d'origine géorgienne qui a servi en tant que sergent dans les forces armées de Géorgie. En 2012, il s'est rendu en Syrie, a rejoint le Front al-Nusra où il a commandé une force appelée "l'armée des émigrants" (dans laquelle servaient des combattants étrangers de Tchétchénie et d'autres pays). Fin 2013, il a quitté le Front al-Nusra avec quelques-uns de ses hommes et a rejoint les rangs de l'Etat islamique. Il a promis allégeance à Abu Bakr Al-Baghdadi, qui l'a nommé commandant du Nord de la Syrie. Sa mort a été annoncée à plusieurs reprises.
Derna
- Dans la région d'Al-Fataeh, qui domine Derna, les affrontements se poursuivent entre l'Etat islamique et le Conseil de la Choura des combattants du jihad de Derna (une organisation jihadiste affiliée à Al-Qaïda). L'Etat islamique a revendiqué la responsabilité de la pose d'un engin piégé dans un camp d'Abu Salim à l'entrée Ouest de Derna. Selon l'organisation, l'attaque a causé la mort de trois membres. D'autre part, le Conseil de la Choura des combattants du jihad de Derna a affirmé que ses hommes avaient tué un membre de l'Etat islamique qui avait tenté de déposer un engin explosif improvisé dans le camp (Portail Al-Wasat, 12 février 2016 ; Akhbar Dawlat al-Islam, 11 février 2016).
- Le 7 février 2016, la branche information de l'Etat islamique dans la province de Barqa a publié une série de photos montrant des membres de l'organisation occupés à une activité militaire dans le secteur d'Al-Fataeh (Akhbar Dawlat al-Islam, 7 février 2016).
Syrte
- Selon des sources de Syrte, l'Etat islamique a déclaré la mobilisation générale dans la ville. Des membres de l'organisation traverseraient les rues de la ville avec des haut-parleurs pour appeler les habitants à rejoindre le jihad. Dans un sermon prononcé le 12 février 2016, les prédicateurs des mosquées de l'Etat islamique ont déclaré que le responsable de l'organisation Abu Bakr al-Baghdadi avait donné l'ordre de mener le jihad contre tous ceux qui attaquent les frontières de "l'émirat de Syrte". Ils ont appelé tous les habitants de Syrte à aider l'Etat islamique à tuer les "infidèles" (Portail Al-Wasat, 13 février 2016).
- Dans le même temps, l'Etat islamique a ordonné aux propriétaires de maisons situées le long de la mer à les évacuer le plus rapidement possible. Il a également transféré de nombreux membres de la ville de Ben Jawad à Syrte, les stationnant près de la centrale électrique dans l'Ouest de la ville (Portail Al-Wasat, 9-11 février 2016). En outre, les membres de l'Etat islamique auraient creusé une tranchée de trois kilomètres de long dans une zone rurale à l'Ouest de la ville de Syrte. Ils auraient aussi évacué la plupart de leurs quartiers généraux et camps à l'Ouest de Syrte, et se seraient installés dans des zones résidentielles, des banlieues et des zones agricoles (Portail Al-Wasat, 13 février 2016).
- Selon nous, il s'agit de mesures préventives défensives, liées à la crainte de l'Etat islamique d'être attaqué par l'armée libyenne et les pays occidentaux par voie terrestre ou maritime, après les déclarations faites au cours des dernières semaines par les États-Unis et d'autres pays occidentaux.
Benghazi
- Cette semaine, les combats se sont poursuivis dans la ville de Benghazi entre les forces de Khalifa Haftar, agissant pour le compte du gouvernement Tobrouk et les membres de l'Etat islamique et du Conseil de la Choura des révolutionnaires de Benghazi. Selon une source de l'armée libyenne, l'armée aurait détruit un navire transportant des fournitures militaires à destination de la Libye, avant qu'il n'approche des côtes de Benghazi (Alarabiya.net, 12 février 2016).
Mort d'un Palestinien de Rafah dans les rangs de l'Etat islamique en Libye
- Les médias palestiniens ont annoncé la mort d'un Palestinien de Rafah appelé Mufleh As'ad Abd al-Wahed Abu Aadra, alias Abu Abdullah, tué en combattant dans les rangs de l'Etat islamique à Tripoli, en Libye. Il était marié et père de deux enfants et avait quitté la bande de Gaza il y a un an. Sa famille a annoncé avoir appris la nouvelle de sa mort le 15 février 2016, sans aucun détail sur les circonstances de sa mort (Agence de presse Ma'an, zamnpress, 16 février 2016).
- De nombreux combattants étrangers en provenance des pays arabes servent dans les rangs de l'Etat islamique en Libye, dont des Palestiniens de la bande de Gaza. Les combattants étrangers arabes sont un élément important dans la branche de l'organisation en Libye et occupent des postes-clé au sein de la direction.
Tunisie
- Selon les médias arabes, la construction d'une clôture et de canaux de sécurité le long de la frontière tuniso-libyenne a été achevée, après la crainte de la Tunisie face à l'augmentation des activités terroristes de l'Etat islamique en Libye. La longueur de la barrière est d'environ 200 km et s'étend de Ras Ajdir le long de la côte méditerranéenne vers le Sud-Ouest de la frontière entre les deux pays. La prochaine étape est l'installation d'appareils électroniques sur la clôture, avec l'aide de l'Allemagne et des Etats-Unis (Al-Jazeera, 7 février 2016).
Les Philippines
- L'Etat islamique a officiellement reconnu le serment d'allégeance de certains groupes jihadistes opérant aux Philippines. Cependant, l'organisation n'a pas encore officiellement déclaré les groupes jihadistes des Philippines comme une province de l'État islamique. Un des groupes qui a prêté allégeance est dirigé par Isnilon Hapilon, qui commande le groupe Abu Sayyaf et a été placé sur la liste des personnes recherchées par les États-Unis.[2] Cet engagement a été récemment présenté sur une vidéo diffusée par Al-Furat, la branche information de l'Etat islamique en russe. Il est évident d'après la vidéo que l'organisation a accepté un engagement formel des groupes jihadistes aux Philippines (The Long War Journal, 14 février 2016).
Pakistan
- L'Etat islamique opère ouvertement dans la région de Kurram au Pakistan, située à environ 95 km au Sud-Est de la capitale, Kaboul. Il s'agit d'unezone tribale à la majorité chiite. L'émir de l'Etat islamique au Pakistan, Zubayr le Koweïtien, a quitté les rangs des talibans et a établi l'organisation Jund Allah, qui est prêté serment à l'Etat islamique (Al-Sharq Al-Awsat, 8 février 2016).
Le comportement de l'Etat islamique
Selon les médias arabes, l'Etat islamique a récemment lancé plusieurs sites de vente en ligne pour l'achat d'articles de luxe tels que des téléphones, des ordinateurs et des postes de télévision, ainsi que des voitures et des motos. Un des sites propose aussi des cadeaux et des prix destinés aux membres de l'Etat islamique en Irak et en Syrie. Un autre site offre des vacances dans le califat islamique d'Irak. Les sites de vente sont apparemment destinés à diversifier les sources de revenus de l'organisation (Al-Sharq Al-Awsat, 14 février 2016).
Activités de contre-terrorisme
Etats-Unis
- Le département américain du Trésor a imposé des sanctions à trois responsables de l'Etat islamique. Ci-après les détails de deux d'entre eux (Site Internet du Département américain du Trésor, 11 février 2016) :
- Faysal Ahmad Ali al-Zahrani, membre important de l'unité pétrolière de l'organisation, ressortissant saoudien de naissance. Il est chargé d'au moins cinq champs de pétrole au Nord de la Syrie et supervise les activités des membres dans le domaine du pétrole et du gaz. Les actifs qu'il gère ont engendré de nombreux bénéfices pour l'organisation. Il a rejoint le "ministère" des ressources naturelles de l'Etat islamique, qui est en charge des champs de pétrole et de gaz, en Juillet 2014, et a été nommé superviseur de la province de Hassaké.
- Husayn Juaythini, qui coordonne l'activité des combattants étrangers, est un Palestinien de la bande de Gaza. Son activité comprend l'aide à la communication, le déploiement des combattants étrangers et les opérations financières de l'organisation. Il est arrivé en Syrie en Septembre 2014 pour prêter allégeance à l'Etat islamique, et a ensuite été appelé à rentrer dans la bande de Gaza et à y établir une présence de l'organisation.
[1]Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a déclaré que son pays ferait son possible pour empêcher la chute de la ville d'A'zaz aux mains des Kurdes. Il a souligné que les Turcs continuent de tirer sur la base aérienne de Menagh afin de la mettre hors service (Sky News, 15 février 2016).
[2]Abu Sayyaf est un réseau terroriste jihadiste opérant aux Philippines.