Le rôle des Palestiniens dans la campagne BDS


Affiche de la campagne BDS sur le site Internet du BNC, le comité national palestinien de Ramallah qui prétend diriger la campagne mondiale BDS  (Site Internet du BNC Bdsmovement.net, 4 septembre 2014)
Affiche de la campagne BDS sur le site Internet du BNC, le comité national palestinien de Ramallah qui prétend diriger la campagne mondiale BDS  (Site Internet du BNC Bdsmovement.net, 4 septembre 2014)

Introduction : Principales conclusions

1. Cette étude examine le rôle des militants et des réseaux palestiniens en Judée-Samarie et dans la bande de Gaza dans la campagne mondiale BDS menée contre Israël. La campagne, qui a pris naissance avec la première conférence de Durban (2001), est menée par des militants et des réseaux anti-israéliens dans le monde entier, en particulier en Occident, principalement par des groupes marginaux extrémistes de la gauche et de l'islam.

2. L'objectif de la campagne est d'étiqueter Israël comme un pays menant une politique "d'apartheid" et de promouvoir un boycott international de ses institutions, de ses dirigeants, de son économie et sa culture, et de ses partisans. Son objectif final est de provoquer l'effondrement d'Israël, comme le régime d'apartheid en Afrique du Sud. Les organisateurs de la campagne s'opposent à toute reconnaissance de l'État d'Israël ou à des négociations, rejettent la solution à deux Etats, insistent sur le "droit au retour" de millions de réfugiés palestiniens sur le sol de l'Etat d'Israël et cherchent à réaliser la vision d'un seul Etat gouverné par les Palestiniens.

3. Des militants et des réseaux palestiniens de Ramallah ont rejoint la campagne BDS en 2005, quatre ans après la conférence de Durban. En Novembre 2007, des militants palestiniens ont fondé le BNC, le comité national palestinien de BDS(BDS National Committee). Le BNC est actuellement composé de 27 ONG palestiniennes, certaines ayant un pied dans la société civile palestinienne et d'autres étant virtuelles.

4. BNC est un partenaire actif dans la campagne anti-israélienne BDS. Son noyau dur est composé d'un petit groupe de militants palestiniens sans influence significative sur la scène politique palestinienne interne, mais bien connectés aux militants et aux réseaux occidentaux menant la campagne mondiale BDS. Deux membres éminents du BNC sont des activistes anti-israéliens qui ont été éduqués en Occident et ont étudié dans de grandes universités aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Le principal dirigeant palestinien est Omar Barghouti, propagandiste palestinien anti-israélien qui se qualifie de "militant des droits de l'homme." Au fil des ans, il est devenu un personnage clé dans la campagne BDS  en Occident, en particulier aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Michael Deas, qui a étudié à la London School of Economics, travaille à ses côtés. Il est aujourd'hui le représentant de BNC en Europe et réside en Grande-Bretagne, le centre de la campagne de délégitimation d'Israël. Il est également actif dans les pays d'Europe occidentale et auprès des institutions de l'UE.

5. BNC prétend diriger la campagne mondiale BDS, affirmant bénéficier du soutien massif de la société palestinienne. La conclusion de cette étude est que ces affirmations sont incorrectes et visent à enjoliver la véritable importance du BNC. Ainsi, dans les faits, le BNC palestinien ne dirige pas la campagne mondiale BDS, qui est caractérisée par une organisation décentralisée de réseaux interconnectés sans hiérarchie bien définie. Dans l'arène palestinienne interne, le BNC n'a pas de véritable pied dans la politique ou dans la société palestinienne, ni dans les territoires de l'Autorité Palestinienne (AP) ou dans la bande de Gaza. La conclusion de l'étude est que l'importance principale du BNC, du point de vue de BDS, est qu'il est le représentant prétendument authentique du "visage palestinien" de la campagne et revêt ainsi de l'importance aux yeux des militants et des réseaux anti-israéliens dans le monde entier, qui prétendent promouvoir "les droits des Palestiniens."

6. L'AP et le Fatah ne font pas partie de la campagne BDS, mais la considèrent comme un outil efficace de pression sur Israël. Ils mènent une vaste campagne politique anti-israélienne, qui apporte un soutien moral à la campagne mondiale BDS. Dans le passé, de fortes divergences d'opinion ont opposé Mahmoud Abbas, le Président de l'AP, à Omar Barghouti, la principale personnalité de BDS. La campagne menée par l'AP et le Fatah inclut le boycott de produits israéliens importés en Judée-Samarie, le boycott des produits fabriqués en Judée-Samarie et des pressions diplomatiques sur les États et les entreprises d'Europe afin qu'ils signalisent les produits originaires de Judée-Samarie. Dans le même temps, l'AP permet au BNC d'œuvrer depuis Ramallah, et à l'occasion, utilise la campagne BDS pour soutenir ses fins politiques, de propagande et juridiques contre Israël. La tentative de faire suspendre Israël de la FIFA peut indiquer une dérive de la politique de l'AP qui tend à adopter les tactiques de BDS (les militants de la campagne BDS se sont déclarés déçus par "la trahison à la FIFA" [de l'AP] mais ont affirmé qu'ils étaient certains que les tentatives d'isoler Israël autour du globe continueraient).

7. Les membres du BNC et les militants de BDS dans le monde entier se vantent souvent des succès de la campagne. L'examen de la campagne à ce jour indique un écart important entre ses résultats réels et l'image redoutable que ses militants tentent de lui donner :

1) En termes pratiques, malgré des succès localisés, jusqu'à présent, la campagne BDS, surtout en Occident, n'a pas réussi à isoler Israël ni à porter atteinte de manière significative à ses institutions, son économie ou sa culture. La campagne n'a pas non plus réussi à enrôler des pays soutenant Israël ou des personnalités influentes qui croient en la solution à deux Etats.

2) En termes d'image et de relations publiques, la campagne BDS est encore le champ d'action de réseaux et de personnalités antisionistes extrémistes. Cependant, au cours de l'année écoulée, dans plusieurs cas, la campagne a réussi à s'infiltrer dans le discours public et les principaux médias occidentaux (par exemple, le débat dans les colonnes du New York Times américain[1]). En outre, au cours de l'année écoulée, la campagne BDS a été couverte par les médias israéliens et le leadership politique. Les militants de BDS ont été encouragés par la couverture médiatique israélienne, citant souvent des articles représentant la campagne comme une "menace existentielle" ou une "menace stratégique" pour Israël. Ces publications sont utilisées pour "prouver" la réussite et l'efficacité de la campagne (récemment, des militants de BDS ont cité des déclarations du Président israélien Reuven Rivlin et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu au sujet de la menace posée par BDS).

Référence aux articles publiés dans médias israéliens. La première page du quotidien populaire israélien Yediot Aharonot, ayant pour titre principal : "Le boycott d'Israël va empirer" (Bdsmovement.net, 13 janvier 2015)
Référence aux articles publiés dans médias israéliens. La première page du quotidien populaire israélien Yediot Aharonot, ayant pour titre principal : "Le boycott d'Israël va empirer" (Bdsmovement.net, 13 janvier 2015)

8. Selon nous, l'efficacité future de la campagne BDS dépendra principalement de l'avenir du dialogue et des négociations israélo palestiniennes. L'apaisement des tensions entre Israël et les Palestiniens pourrait faire remonter à la surface les contradictions entre l'AP et le Fatah d'une part et la campagne BDS de l'autre, et provoquer la disparition de la campagne qui restera du ressort de franges extrémistes. D'autre part, l'absence de processus politique et la poursuite de la campagne politique et juridique menée par l'AP contre Israël sont susceptibles de brouiller les distinctions entre l'AP et la campagne BDS, et d'inciter l'AP à adopter les tactiques de BDS (comme de nouvelles initiatives de boycott d'Israël dans les institutions internationales, telles que la FIFA). Selon nous, l'adoption par l'AP de tactiques de BDS pourrait rendre la campagne anti-israélienne plus efficace.

 

Sommaire de l'étude

9.L'étude comprend les parties suivantes :

1) Introduction : principales conclusions

2) Première partie : la campagne BDS et ses racines

3) Deuxième partie : BNC – réseau palestinien qui collabore avec la campagne mondiale BDS

A.    Circonstances de la création du BNC et réseaux membres.

B.    Objectifs du BNC.

C.    Rôle du BNC dans la campagne BDS.

D.   Importance du BNC dans l'arène palestinienne interne.

E.    Site Internet, page Facebook et compte Twitter du BNC.

F.    L'intifada électronique, plate-forme pour les militants du BNC et de la campagne BDS.

G.   Financement des activités du BNC.

H.   Réseaux palestiniens non membres du BNC mais impliqués dans la campagne de délégitimation d'Israël.

4) Troisième partie : portrait des principaux militants palestiniens du BNC :

A. Omar Barghouti

B. Michael Deas

C. Mahmoud Nawajah

D. Zeid al-Shuaibi

5) Quatrième partie : comparaison des positions de l'AP et de la campagne BDS

A. Différence entre les positions de l'AP et de la campagne BDS.

B. Dénominateur idéologique commun.

C. Visite de Mahmoud Abbas en Afrique du Sud : révélation des différences fondamentales entre l'AP et BDS.

D. Boycott des produits israéliens en Judée-Samarie par l'AP et le Fatah.

E. Tentative de suspendre Israël de la FIFA : signe de l'éventuelle adoption par l'AP des tactiques de BDS.

F. Le rôle de la gauche palestinienne : Mustafa Barghouti et le mouvement de l'initiative nationale palestinienne.

[1]A ce sujet, voir notre article du 26 mars 2014 intitulé "La campagne BDS anti-israélienne", à l'adresse http://www.terrorism-info.org.il/fr/article/20634