Omar Barghouti, militant palestinien de Ramallah, un des fondateurs de BDS et un des principaux responsables de la campagne (youtube.com)
Aperçu général
1. Le New York Times a récemment fourni une plate-forme à un débat international sur lacampagne BDS (acronyme de "Boycott, Désinvestissement et Sanctions"), qui appelle au boycott de l'État d'Israël, de ses institutions, ses universités, son leadership, son économie et sa culture, au retrait des investissements et à l'imposition de sanctions. La campagne BDS a été lancée lors de la première Conférence de Durban (la soi-disant "Conférence mondiale contre le racisme"), organisée à Durban en Afrique du Sud, en 2001. Le but ultime de la campagne BDS est de provoquer l'effondrement de l'Etat d'Israël, à l'image du régime d'apartheid d'Afrique du Sud, en le qualifiant d'Etat d'apartheid et en appelant l'opinion publique et les gouvernements à le boycotter et à lui imposer des sanctions. BDS fait partie intégrante de la campagne mondiale de délégitimation d'Israël menée actuellement (principalement en Occident) sous l'égide de réseaux et de militants affiliés à l'islam radical et à l'extrême gauche. Ces réseaux collaborent étroitement avec des militants et des ONG palestiniennes de Ramallah (BNC) qui jouent un rôle cardinal dans la campagne BDS (Pour plus d'informations sur BDS et BNC, voir l'Annexe C).
2. La plate-forme fournie par le New York Times à BDS fait suite aux succès ciblés" de la campagne ces derniers mois, en particulier en Europe, qui ont porté la question à l'attention du public. Le débat dans le New York Times a débuté le 31 janvier 2014 par une opinion d'Omar Barghouti, l'un des principaux responsables de BDS et de la campagne de délégitimation menée contre Israël. Sa conception est basée sur l'annihilation de l'Etat d'Israël, le retour des réfugiés palestiniens et l'établissement d'un Etat arabe palestinien en remplacement d'Israël. Barghouti tente d'inculquer cette vision, qui est à l'origine de la campagne BDS, à l'opinion publique occidentale, notamment aux États-Unis, avec des articles, des livres et des conférences, dans lesquels ilprésente Israël comme un "Etat d'apartheid". À cette fin, il utilise la terminologie occidentale des droits de l'homme et fait un usage intensif des termes "liberté", "justice" et "droits" des Palestiniens (pour un profil d'Omar Barghouti, voir l'Annexe B).
3. L'opinion publiée par Omar Barghouti fait de vagues références aux véritables objectifs de la campagne BDS, tout en mettant l'accent sur les slogans familiers du discours des droits de l'homme. Roger Cohen, Juif américain et chroniqueur pour le New York Times, connu pour sa critique de la politique israélienne au sujet des Palestiniens, a rétorqué qu'il ne faisait pas confiance à la campagne BDS, qui, selon lui, a "un agenda caché" qui est la destruction de l'Etat d'Israël par "le subterfuge, la tromperie et le camouflage". Il a également affirmé que "l'antisionisme peut facilement être une couverture pour l'antisémitisme". La réponse de Cohen à Barghouti a provoqué un débat féroce entre partisans et adversaires de la campagne BDS dans les pages du New York Times.
4. L'opposition tranchée de Roger Cohen à la campagne BDS corrobore les objections formulées par des gouvernements, des groupes et des personnalités publiques dans les pays occidentaux. Des personnalités juives américaines se sont également opposées à la campagne BDS, y compris celles qui sont opposées à la politique israélienne concernant les Palestiniens (Thomas Friedman, Norman Finkelstein), ainsi que celles qui défendent Israël (Alan Dershowitz). En fait, la plupart des hommes politiques occidentaux, des membres des administrations, des journalistes et des universitaires soutiennent le concept de deux Etats pour deux peuples. Cependant, ils font une distinction claire entre la critique acerbe de la politique israélienne concernant les Palestiniens et le fait de rejoindre une campagne qui vise à annihiler Israël comme un Etat juif en utilisant les slogans et les tactiques empruntés au discours des droits de l'homme.
5. Au cours de l'année écoulée,la campagne BDS a marqué des succès "ciblés" dans le domaine du boycott économique, culturel et académique, que ses militants tentent d'utiliser comme levier pour glorifier et prolonger la campagne. Les militants de BDS ont exprimé leur satisfaction dans un rapport publié en Janvier 2014 résumant les résultats de la campagne en 2013 et prévoyant des résultats avantageux pour 2014. Ils ont affirmé qu'en 2014, "la campagne BDS a pénétré plus avant dans le courant politique et a vude grandes institutions rejoindre le boycott". Cependant, l'examen des résultats à long terme de la campagne sur le développement économique, politique et culturel d'Israël indiquent clairement que ses efforts pour isoler l'État d'Israël et le boycott de ses institutions, de son économie, de sa culture et de ses dirigeants ont été vains jusqu'à présent. Bien au contraire, les relations commerciales d'Israël avec l'Europe occidentale, y compris la Grande-Bretagne, ont augmenté au cours des dix dernières années, malgré la campagne BDS. En outre, la comparaison entre Israël et le régime d'apartheid en Afrique du Sud n'a pas été bien accueillie par la communauté internationale etest pour la plupart, restée le seul fait de groupes marginaux extrémistes hostiles à Israël.
6. Selon les données disponibles, la campagne BDS n'a pas nui à Israël sur le plan économique, politique ni culturel, mais a porté atteinte à son image. Le discours de délégitimation et le fait de présenter Israël comme un "Etat d'apartheid" a glissé des groupes d'extrême-gauche et islamistes anti-israéliens marginaux aux médias internationaux et aux couches sociales et politiques centristes d'Occident. Le fait même qu'un débat public sur la campagne BDS se soit déroulé dans les pages du New York Times ainsi que les remarques du Premier ministre israélien et de responsables américains sur la campagne représentent une réussite pour BDS,[1] que ses organisateurs essaient d'exploiter. Cependant, la vive réaction de Roger Cohen témoigne des limites de la campagne aux États-Unis et dans d'autres pays occidentaux. Ces limitations résultent de son objectif véritable, l'annihilation de l'Etat d'Israël, qu'Omar Barghouti tente de dissimuler. Pour surmonter ces limitations, les militants de BDS pourraient tenter d'exploiter les opportunités politiques en coopérant avec des ONG occidentales, par exemple, dans un scénario dans lequel Israël serait accusé de l'échec des négociations israélo-palestiniennes. [2] |
7. Ce document comprend quatre annexes :
Annexe A– Débat sur la campagne BDS dans le New York Times
Annexe B– Profil d'Omar Barghouti, co-fondateur et l'un des principaux responsables de la campagne BDS
Annexe C – La campagne BDS et ses résultats à ce jour
Annexe D– "Dix raisons pour lesquelles le mouvement BDS est immoral et entrave la paix", par Alan Dershowitz
* L'étude dans sa totalité est disponible en anglais à l'adresse http://www.terrorism-info.org.il/en/article/20634
[1]Un exemple est la déclaration de Mme Rafif Zyada, porte-parole du BNC, qui a fait référence à une "attaque désespérée" du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu sur BDS lorsque les fonds de pension européens ont placé les entreprises et les banques israéliennes sur leurs listes noires et que les organisateurs de concerts israéliens ont eu de plus en plus de difficultés à convaincre des artistes de se produire en Israël et alors que les gouvernements commencent à prendre des mesures pour présenter Israël comme violant le droit international.
[2]Le journal arabe publié à Londres, Al-Sharq Al-Awsat, a conclu un reportage sur BDS par ces mots : "Beaucoup de temps devra s'écouler avant que l'on puisse établir si le mouvement BDS n'était qu'un "bruit de fond" ou s'il peut pousser Israël dans un goulot d'étranglement et augmenter son isolement.Cela dépendra de la réussite ou de l'échec des négociations israélo-palestiniennes, dont les détails devraient être rendus publics par Kerry dans les prochaines semaines" (El-Hasad, supplément hebdomadaire d'Al-Sharq Al-Awsat, 26 février 2014).